La PEN résulte de deux facteurs : ses effets financiers et les facteurs réels
La PEN représente le solde net des créances et engagements vis-à-vis des non-résidents. Pour les pays du G20, les PEN ont divergé depuis 1990 : d’une situation de quasi-équilibre pour tous les pays, elles se sont polarisées et sont devenues fortement débitrices ou créditrices selon les pays.
Comptablement, la PEN d’un pays résulte d’une part de déterminants réels (solde commercial, revenus du travail, etc.) et d’autre part de deux déterminants financiers (effets de valorisation, i.e. plus ou moins-values sur les portefeuilles liés aux évolutions du prix des actifs financiers ou du taux de change si les portefeuilles sont libellés en devise étrangère ; revenus nets d’investissement, i.e. dividendes et intérêts tirés des actifs nets). Ces déterminants financiers ne dépendent que de la PEN elle-même, de sa structure en actifs et du montant des actifs nets ; ils sont donc assimilables à une dynamique interne de la PEN.
Il est central pour l’étude des déséquilibres mondiaux de savoir quel est l’impact de ces effets financiers, d’autant plus que l’exacerbation des positions extérieures a fortement accru leur ampleur depuis 30 ans. Si les impacts des effets financiers et des facteurs réels sont de même signe, la divergence de la PEN est auto-entretenue avec un effet « boule-de-neige ». Une PEN négative (positive) à cause de l’accumulation de facteurs réels subirait des effets financiers négatifs (positifs) qui la polariserait davantage. Une telle situation serait préoccupante car elle rendrait plus difficile la résorption des déséquilibres mondiaux engagée en G20.
Les effets financiers ont en général un effet stabilisateur, lié à la structure des portefeuilles
Les effets financiers ont été plutôt stabilisateurs en moyenne et sur long-terme sur 1970-2015. Dans la plupart des pays G20 (14, ceux dans les aires vertes), ils ont été de signe opposé à celui des facteurs réels : la dynamique financière a compensé l’effet des postes réels. Autrement dit, la divergence de leurs PEN aurait été plus importante sans ces effets financiers. Ça n’a pas été le cas pour les pays dans les aires rouges (6) dont les effets financiers ont exacerbé la polarisation de leur PEN.
Cet effet stabilisateur a résulté des revenus d’investissement et de l’effet marché (cf. graphique 2) et concerne principalement deux types de pays :
- Avancés déficitaires qui émettent une monnaie de réserve appuyée par un centre financier mondial (États-Unis, Royaume-Uni). Ces pays financent leurs déficits sous forme de titres de dette et réalisent des investissements sortants en actions et IDE : en raison des différences de rendement entre ces classes d’actifs, ils perçoivent à l’actif un rendement moyen supérieur à celui qu’ils versent au passif. Cela est renforcé par les différences de rendements, au sein d’une même classe d’actifs, avec des créances moins rémunératrices que leurs engagements – par ex. aux États-Unis un rendement plus élevé des IDE sortants qu’entrants, cf. Bosworth et al. (2007). Les effets financiers ont un effet positif, compensant le déficit de la balance des biens et services
- Émergents excédentaires (Argentine, Chine, Afrique du Sud, Mexique, Brésil, Corée, Indonésie, Russie) qui à l’inverse investissent en titres de dette pour un passif composé d’actions et IDE. Les effets financiers, négatifs, compensent l’excédent persistant des autres postes
Les émergents déficitaires (Inde, Turquie) sont au contraire confrontés à un effet boule-de-neige : leur PEN, constituée de titres de dette à l’actif et d’actions et IDE au passif, génère des revenus et effets de valorisation négatifs qui exacerbent l’effet du déficit commercial.