La plupart des pays ont renoncé à recourir aux confinements pour lutter contre la propagation de la Covid-19 ; la Chine constitue à cet égard une exception notable et importante. Depuis le début de la pandémie, elle applique une politique "zéro-Covid" ayant pour objectif d’empêcher tout nouveau cas d’infection. À cet effet, le pays a développé un système de réaction à l’épidémie avec des tests de masse, la recherche des cas contacts et – si nécessaire – des confinements locaux. Ce blog examine l’effet de ces confinements régionaux sur le commerce chinois en combinant les données au niveau des provinces relatives au calendrier et à la sévérité des confinements avec celles concernant le commerce international.
En exemple, le graphique 1 présente l’évolution de la sévérité des confinements (une mesure comprise entre zéro et un qui rend compte de leur caractère restrictif) et la croissance annuelle des exportations pour la province de Shanghai. Après la détection de premiers cas début mars 2022, les autorités de Shanghai ont tout d’abord réagi par des restrictions de déplacements et des tests de masse. À compter de début avril, la totalité de la ville a été soumise à un confinement particulièrement strict. La plupart des écoles et des lieux de travail ont été fermés (à l’exception des services de santé indispensables) et les habitants ont reçu l’ordre de rester chez eux. Le graphique 1 montre que l’indice d’Oxford relatif à la sévérité des confinements a fortement augmenté en avril 2022 et que la croissance annuelle des exportations de la province de Shanghai s’est effondrée, ressortant à – 40 %.
Le confinement de Shanghai ne constitue cependant qu’un exemple des divers confinements régionaux mis en place par les autorités chinoises depuis mi-2020. Il s’agissait d’un confinement particulièrement strict, la moyenne mensuelle de l’indice d’Oxford relatif à la sévérité des mesures ayant atteint 0,94 pour Shanghai en avril 2022, une valeur très supérieure à celle des autres provinces depuis la première vague. Nous utilisons les données concernant plusieurs confinements régionaux en Chine pour estimer de façon plus systématique l’effet de ces mesures sur la croissance des échanges commerciaux.
Nous étudions les confinements régionaux instaurés après la première vague, afin de nous concentrer sur une période durant laquelle les confinements étaient peu synchronisés entre les différentes provinces chinoises. Cela nous permet de comparer, à tout moment, la croissance des échanges commerciaux des provinces entrant en confinement (provinces traitées) avec celle des provinces où ce n’étaient pas le cas (provinces de contrôle).
Nous commençons par définir les "événements" de confinement régional en nous fondant sur les évolutions de la sévérité du confinement de la province. Nous collectons des données mensuelles relatives à cette sévérité pour 31 provinces chinoises, et nous définissons un confinement provincial comme une augmentation de la mesure de la sévérité au niveau local de 0,2 point (sur une échelle allant de 0 à 1). En regroupant des données allant de mi-2020 à mi-2022, on définit neuf provinces qui ont connu précisément un événement de confinement et vingt provinces de contrôle sans événement (deux provinces ayant connu plus d’un événement sont exclues de l’analyse).
La partie gauche du graphique 2 présente l’évolution de la sévérité des mesures dans les provinces traitées par rapport aux provinces de contrôle, avant et après un évènement de confinement. Avant un événement, la sévérité du confinement ne diffère pas entre les provinces qui sont sur le point d’être confinées et celles qui ne le sont pas. Quand les provinces traitées entrent en confinement, leur niveau de sévérité monte en flèche, mais revient au niveau de celui des provinces de contrôle en 1 à 2 mois.