Pendant les périodes d'incertitude accrue, telles que la pandémie de COVID-19 ou la guerre en Ukraine, les entreprises sont plus susceptibles de faire défaut en raison de l'imprévisibilité des rendements. Ces chocs d'incertitude peuvent nuire considérablement à l'économie, en particulier lorsque la concurrence bancaire est faible. Dans les secteurs bancaires peu concurrentiels, les banques ont tendance à appliquer des taux d'emprunt plus élevés, ce qui incite les entreprises à prendre davantage de risques financiers, augmentant ainsi leur probabilité de défaillance.
Au cours des dernières décennies, le secteur bancaire américain a connu un déclin marqué de la concurrence. Pour évaluer les implications de cette tendance, je développe un modèle macroéconomique structurel qui intègre des frictions financières et une concurrence bancaire imparfaite. Dans ce modèle, la réduction de la concurrence amplifie l'impact négatif des chocs d'incertitude par le biais d'un mécanisme de "transfert de risque" : des coûts d'emprunt plus élevés poussent les emprunteurs à prendre plus de risques, ce qui entraîne davantage de défaillances. En réaction, les banques réduisent l'offre de crédit, ce qui accentue la contraction de l'activité économique.
Je compare deux versions du modèle, l'une calibrée sur un environnement bancaire à forte concurrence et l'autre sur un environnement à faible concurrence, tel qu'il est observé aux États-Unis depuis 2000. Comme le montre la figure, les résultats montrent que dans le scénario de faible concurrence, le PIB diminue de 0,1 point de pourcentage de plus un an après un choc d'incertitude. Le mécanisme à l'origine de cette amplification est qu'un pouvoir de marché plus élevé entre les banques encourage un comportement plus risqué de la part des emprunteurs, ce qui entraîne une hausse plus marquée des défauts de paiement et un recul plus important des prêts. En fait, selon le modèle, la récente baisse de la concurrence a entraîné une augmentation de 0,6 point de pourcentage des taux de défaillance des emprunteurs. Ces résultats théoriques sont étayés par des données empiriques. En utilisant des méthodes de projection locale par panel sur des données provenant de 34 pays entre 2000 et 2020, je montre que les augmentations de l'incertitude conduisent à des baisses significativement plus importantes du PIB dans les pays où les secteurs bancaires sont plus concentrés. Cela suggère que la concurrence bancaire joue un rôle clé dans la manière dont les économies absorbent les chocs d'incertitude et y répondent.
Mots-clés : frictions financières, intermédiaires financiers, agents hétérogènes, pouvoir de marché, incertitude
Codes JEL : E32, E44, G21, L13