Bulletin de la Banque de France

Comment les ETI se financent-elles ?

Mise en ligne le 6 Novembre 2018
Auteurs : Adrien Boileau , Benjamin Bureau

Bulletin n°220, article 1. La structure du financement des entreprises de taille intermédiaire (ETI) a évolué ces dernières années. La part du crédit bancaire diminue, tandis que les parts des financements obligataires et par capitaux propres progressent. Les ETI rencontrent par ailleurs relativement peu de difficultés pour se financer. On observe notamment : i) que leurs demandes de crédits bancaires sont majoritairement satisfaites ; ii) qu’elles ont profité à plein de la baisse des taux d’intérêt ; iii) qu’elles ont accès à divers instruments de financement de marché et iv) que leur capacité de remboursement apparaît globalement maîtrisée.

Image Répartition des dettes bancaires, obligataires et de crédit-bail Description Le graphique propose la répartition des dettes bancaires, obligataires et de crédit-bail en 2006 et 2016. PME:  1. En 2006 le crédit bancaire est de 86%, le crédit-bail de 12% et les dettes obligatoires et assimilées de 2%. 2. En 2016, le crédit bancaire est de 83%, le crédit-bail de 10%, les dettes obligatoires et assimilées de 7%. ETI : 1. En 2006 le crédit bancaire est de 81%, le crédit-bail de 4% et les dettes obligatoires et assimilées de 15%. 2. En 2016, le crédit bancaire est de 68%, le crédit-bail de 2% et les dettes obligatoires et assimilées de 29%. GE : 1. En 2006, le crédit bancaire est de 39%, le crédit-bail de 2%, les dettes obligatoires et assimilées de 60%. 2. En 2016, le crédit bancaire est de 29%, le crédit-bail de 1% et les dettes obligatoires et assimilées de 70%. Note: Entreprises non financières définies au sens de la loi de modernisation de l'économie (LME). La composante "crédit-bail" est égale aux engagements de crédit-bail hors quota-part ad hoc des frais financiers. (Source: Banque de France, base de données FIBEN, mai 2018) Chiffres clés : 277,6 milliards d'euros : l'encours total de crédits mobilisés par les ETI auprès des établissements de crédit à fin juin 2018. 96% : la part des ETI qui obtiennent la totalité des crédits d'investissement demandés en 2017. -40 points de base : l'écart moyen de taux d'intérêt bancaire pour les ETI par rapport aux PME (hors microentreprises) sur la période 2006-2017. 60% : la part des ETI dans le nombre d'émissions d'Euro PP (Euro Private Placements) réalisées sur la période 2012-2016.

Les travaux existants, en particulier ceux de l’Insee, permettent de dresser un portrait assez fin des caractéristiques des entreprises de taille intermédiaires (ETI) et de leur poids dans l’économie française (cf. annexe 1 pour une synthèse). L’objectif de la présente étude est de compléter ce portrait en se concentrant sur la question plus spécifique du financement.

Sauf mention contraire, les tailles d’entreprises sont définies au sens de la loi de modernisation de l’économie (LME) de 2008. L’annexe 2 revient en détail sur la construction des différentes catégories d’entreprises. Retenons ici qu’une ETI est une entreprise qui n’appartient pas à la catégorie des petites et moyennes entreprises (PME) et qui, d’une part, a un effectif inférieur à 5 000 personnes et, d’autre part, a un chiffre d’affaires annuel inférieur à 1,5 milliard d’euros ou un total de bilan n’excédant pas 2 milliards d’euros. Par ailleurs, dans le cadre de la LME, une entreprise peut être composée d’une ou de plusieurs unités légales organisées en groupe. L’Insee dénombre dans ce contexte près de 5 800 ETI en France en 2015 (cf. annexe 1).

1. Les principales sources de financement des ETI

Le financement des ETI par capitaux propres progresse

Comment les ETI se financent-elles ? Pour répondre à cette question, une première approche consiste à analyser le passif du bilan des ETI, qui recense à un instant donné l’ensemble de leurs moyens de financement. Le tableau 1 présente ainsi la structure du passif agrégé de toute les ETI enregistrées dans la base de données FIBEN, en distinguant notamment les fonds propres des dettes.

En pratique, la construction d’un tel tableau nécessite de faire des hypothèses ad hoc pour classer certains éléments du passif dans une catégorie plutôt qu’une autre, de sorte que les résultats doivent être interprétés avec précaution. Ceci étant précisé, le tableau 1 permet d’apprécier l’évolution de la structure du passif des ETI entre 2006, c’est-à-dire avant la crise, et 2016. Il permet également de comparer les ETI aux PME et aux grandes entreprises (GE).

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