Le cours de l’or est principalement déterminé par les fluctuations de la demande
L’or est à la fois une matière première et un actif financier dont le prix résulte de la confrontation de l’offre et de la demande : l’offre dépend du volume de production ainsi que de l’importance du recyclage ; la demande dépend de la demande d’or physique (joaillerie et technologie) et de la demande d’or financier qui résulte d’un arbitrage avec d’autres actifs.
- L’offre se divise principalement entre la production minière (75% de l’offre en 2023, source : World Gold Council) et le recyclage (25%). La production minière est relativement constante d’une année à l’autre et on estime le coût de production d’une once d’or à USD 1300, ce qui constitue de facto un prix plancher pour l’or. La part du recyclage progresse (+9% en 2023), stimulée par le niveau des prix, mais demeure modeste.
- La demande émane essentiellement du secteur de la joaillerie (49%), puis des banques centrales (23%), des investisseurs financiers (21%) et enfin du secteur électronique – l’or étant pour ce dernier secteur un intrant (7%). La Chine et l’Inde occupent un poids majoritaire dans la demande de joaillerie (57%), l’Amérique et l’Europe jouant un rôle plus marginal (21% en cumulé).
L’évolution de ces composantes d’offre et de demande est dans l’ensemble relativement stable depuis 2018 (exception faite en 2020, en raison du choc de demande négatif consécutif à la pandémie). L’offre progresse lentement, surtout portée par une augmentation du recyclage de l’or. La hausse de la demande émane pour l’essentiel des banques centrales des pays émergents.
Le cours de l’or réagit au taux d’intérêt américain et à l’inflation mais aussi à l’aversion au risque
S’agissant d’un actif sans rendement à la différence des actions (dividendes) et des obligations (intérêt), et sans risque de contrepartie (absence de risque de défaut de l’émetteur lorsque l’or est détenu physiquement), le cours de l’or réagit à différents facteurs.
Les facteurs haussiers de demande :
a. En cas de renforcement des risques géopolitiques (comme actuellement avec la guerre en Ukraine et les tensions au proche et moyen orient), et plus généralement lors des périodes d’augmentation de l’aversion au risque sur les marchés financiers, l’or est recherché.
b. L’or est généralement considéré comme une couverture contre le risque inflationniste. Dans les faits, le prix de l’or ne joue qu’imparfaitement ce rôle de couverture. Si la corrélation entre le cours de l’or et l’inflation a parfois été positive à partir du milieu des années 1970 jusqu’à la fin des années 1980, elle a été nulle voire négative dans les années 1990 et 2000, dans un contexte de désinflation mondiale. De manière générale, la corrélation entre le prix de l’or et le niveau des prix ne fonctionne réellement que sur long terme (10-15 ans). Néanmoins, à court terme, une résurgence des craintes inflationnistes ou de l’inflation suscite généralement une hausse du prix de l’or.
c. L’impact de ces deux facteurs est amplifié par l’essor de produits financiers adossés à l’or, par exemple certains exchange traded funds (ETF, ou fonds indiciels). Cela facilite l’accès des investisseurs (particuliers et institutionnels) à l’or, et a augmenté par ricochet la demande d’or physique (ces ETF étant adossés à des stocks d’or), soutenant son cours à la hausse.
d. Les achats des banques centrales émergentes, qui traduisent une forme de diversification par rapport aux actifs libellés en dollar, soit pour des raisons macroéconomiques soit pour des raisons géopolitiques (« dédollarisation »).
Les facteurs baissiers de demande :
a. La hausse du taux d’intérêt réel renchérit le coût d’opportunité de l’or qui n’offre pas de rendement. Ainsi, lors des cycles de resserrement de taux de la Fed, l’or a tendance à se déprécier ; ce mouvement n’a toutefois pas été observé récemment (cf. graphique 2).
b. L’appréciation du dollar, qui renchérit le prix de l’or pour les acquéreurs dont la devise de référence n’est pas le dollar. Un dollar fort traduit en outre une forme de confiance dans l’économie américaine, diminuant l’intérêt de l’or comme actif sûr.
c. De manière générale, l’appétit pour le risque est plutôt défavorable à l’or, les investisseurs privilégiant alors l’exposition aux actifs risqués (actions, obligations d’entreprise) par opposition aux actifs défensifs (liquidités, obligations d’État, or).