Quels canaux de transmission de l’APP aux spreads de crédit ?
Les variations des spreads de crédit sont imputables à des facteurs à la fois de demande et d’offre de crédit. Par exemple, une amélioration de la qualité des emprunteurs (un facteur de demande) peut venir d’une baisse du risque de défaut pendant la durée du prêt, conduisant à une contraction des spreads. De même, du côté de l’offre, une amélioration des caractéristiques des prêteurs, comme une meilleure capitalisation, des banques a une influence sur les montants prêtés (Klein, Peek et Rosengren, 2002) ou sur les taux d’intérêt bancaires (Santos, 2012).
Les taux des crédits réagissent à la politique monétaire, quelle que soit leur maturité. En effet, les taux d’intérêt de long terme traduisent les anticipations des agents sur les taux futurs. En phase d’assouplissement monétaire, plus les agents sont convaincus que cette orientation est durable et s’inscrit dans une stratégie à moyen terme, plus cet assouplissement aura un effet à la baisse sur les taux d’intérêt de long terme (cf. billet du Bloc note Eco pour les effets des APP sur les taux d’intérêt et les rendements obligataires).
Par ailleurs, des travaux récents ont montré que la politique monétaire agit sur les spreads de crédit. En effet, une politique expansionniste peut à la fois stimuler le goût du risque des prêteurs (se traduisant par une diminution de la compensation demandée pour faire face à des pertes en cas de défaut d’un emprunteur) et diminuer leurs risques de défaut. En outre, les évolutions des spreads de crédit peuvent amplifier les baisses des taux monétaires, conduisant à des fortes variations du coût du crédit des entreprises (Gertler et Karadi, 2014).
Enfin, aux États-Unis, les annonces d’assouplissement quantitatif ont fait significativement baisser les taux des Credit Default Swap, en particulier pour les entreprises présentant les risques de défaut les plus élevés (Krishnamurty et Vissing-Jorgensen, 2011). Nos résultats relatifs aux effets de l’APP annoncé en janvier 2015 dans la zone euro sont donc cohérents par rapport à ceux concernant les états-Unis.