Depuis 2016, la France s’est dotée d’une stratégie nationale d’éducation économique, budgétaire et financière (EDUCFI), à l’instar de près de 70 autres pays, reposant sur les principes de haut niveau élaborés par l’OCDE et adoptés par le G20. La Banque de France a été désignée par les pouvoirs publics opérateur national, responsable de la mise en œuvre de la stratégie.
L’OCDE a défini l’éducation financière comme une « combinaison de conscience financière, de connaissance, d’habileté, d’attitudes et comportements nécessaires pour prendre les bonnes décisions financières et finalement arriver à un bien-être financier individuel apprécié par la personne elle-même [1] ».
Dans un contexte de complexité et de technicité croissante de l’économie et du secteur financier, chacun a besoin d’informations et chacun y a droit.
La technicité des sujets est évidente et croissante : économie globalisée, produits financiers diversifiés et souvent sophistiqués ; nouveaux acteurs financiers ; transactions et paiements dématérialisés… Ce contexte prévaut dans tous les pays.
Est-ce uniquement une affaire de spécialistes ? Non : chacun est amené au quotidien à prendre des décisions « financières », comme gérer son budget, épargner, financer un achat ou encore préparer sa retraite. Chacun reçoit également des propositions financières non sollicitées notamment par téléphone, internet ou sur les réseaux sociaux. Par ailleurs, chaque citoyen doit pouvoir comprendre et peser sur les débats économiques, dont l’issue peut avoir des conséquences sur sa vie courante.
Promouvoir « l’éducation financière » répond donc à un triple enjeu social, économique et démocratique. Des individus avertis en matière budgétaire et financière sont mieux à même de faire des choix adaptés à leurs intérêts et éviter les arnaques financières. Des citoyens, y compris les familles en situation de fragilité financière, disposant des clés pour mieux comprendre les débats économiques sont davantage en mesure de juger de leur pertinence.
Les enquêtes sur la culture financière des Français commanditées par la Banque de France au cours de ces dernières années ont mis en avant une forte attente en matière d’éducation financière. 41% des Français ont le sentiment de ne pas disposer d’informations suffisamment fiables et neutres pour gérer efficacement leur budget et 69% jugent leurs connaissances moyennes ou faibles sur les questions financières. Par ailleurs, 80% considèrent qu’une éducation financière est nécessaire à l’école.
Par exemple, 47% des personnes interrogées ne maîtrisent pas un calcul d’intérêt simple ; 58% ne maîtrisent pas la notion d’intérêts capitalisés. Seuls 56% appréhendent correctement l’effet de l’inflation sur le pouvoir d’achat futur.
Une bonne maîtrise des connaissances de base en matière économique, budgétaire et financière est un enjeu citoyen et un atout pour chacun. Il ne s’agit pas de rendre chacun expert, il s’agit de mieux comprendre pour mieux décider.
Qu’est-ce que cela recouvre ? L’EDUCFI porte aussi bien sur la gestion du budget personnel ou familial, l’apprentissage des outils bancaires et d’assurance (comptes et moyens de paiement, crédit, épargne, assurance), que la meilleure compréhension des notions économiques.
L’EDUCFI consiste en des actions d’information ou de formation, au bénéfice des publics définis par la stratégie, visant à permettre à chacun d’améliorer ses connaissances pratiques sur des sujets financiers. Mieux gérer son argent et son épargne, maîtriser son endettement, prévenir les arnaques financières, savoir à qui s’adresser en cas de difficulté figurent parmi les objectifs visés.
Des critères à respecter : toute action se réclamant de la stratégie d’éducation économique, budgétaire et financière doit satisfaire aux critères de celle-ci et notamment la neutralité, la fiabilité, l’accessibilité et la gratuité.
Selon les recommandations de l’OCDE, les actions d’éducation financière doivent être clairement distinguées et séparées de toute activité ou contexte commercial ou marketing et ne peuvent consister à promouvoir un produit ou un acteur.
La stratégie nationale s’articule autour de cinq piliers (cf. schéma).
La gouvernance s’inspire du cadre recommandé par l’OCDE avec :
Au sein de la Banque de France, une direction de l’éducation financière a été créée et gère les partenariats conclus ainsi que les actions menées sur tous les territoires par la Banque de France en sa qualité d’opérateur de la stratégie nationale d’éducation financière.
En tant qu’opérateur national de la stratégie nationale d’éducation économique, budgétaire et financière, la Banque de France promeut l’éducation économique, budgétaire et financière et s’assure de la mise en œuvre de la stratégie, notamment :
Le Comité stratégique de l’éducation financière du 25 novembre 2019 a souhaité une meilleure coordination des actions émanant des partenaires privés avec la stratégie nationale, via un dispositif de labellisation. De telles actions peuvent dorénavant être labellisées « EDUCFI » dès lors qu’elles présentent les garanties nécessaires de neutralité, d’accessibilité et de gratuité, selon les critères de I'OCDE. L'octroi du label par la Banque de France repose sur une vérification de la fiabilité des contenus et le respect de critères précis.
Cette semaine de sensibilisation est organisée chaque année fin mars à l’échelle internationale par l’OCDE, dont la Banque de France est le relais français. Elle acquiert graduellement une visibilité accrue via de nombreuses actions menées par le réseau de la Banque de France et des partenaires, notamment auprès des jeunes publics.
La Banque de France peut animer des ateliers auprès d’élèves : par exemple, elle propose des interventions auprès de lycéens sur les instruments de politique monétaire et les missions d’une banque centrale. Elle a également développé des outils de sensibilisation ludiques, notamment un jeu et un cahier d’éducation financière, accessibles dès l’âge de six ans et disponibles gratuitement sur le portail « Mes questions d’argent ». Elle propose aussi des stages de découverte de l’entreprise à des collégiens de classe de 3e.
La Banque réalise sur l’ensemble du territoire des actions de sensibilisation aux enjeux de l’éducation financière et anime des sessions d’information auprès d’enseignants et d’intervenants sociaux sur de nombreux sujets : prévention et traitement du surendettement, inclusion bancaire, relations avec les banques et les assurances, microcrédit. L’objectif poursuivi est que ces personnes puissent ensuite utiliser les informations recueillies auprès de leurs propres publics, élèves d’une part et personnes en situation de fragilité financière, d’autre part. En 2019, 16 200 bénévoles et travailleurs sociaux ont bénéficié de telles sessions, de même que 8 500 intervenants l’année suivante, malgré le contexte sanitaire. En 2020, la Banque de France a joué un rôle important dans la formation des intervenants sociaux associés au déploiement des Points conseil budget (PCB), projet piloté par le ministère des Solidarités et de la Santé dans le cadre de la stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté. En 2021, 19 350 intervenants sociaux ont également été formés.
La Banque de France accompagne les entrepreneurs dans leurs préoccupations économiques et financières, que ce soit au moment du projet ou de la création de leur entreprise ou encore à toutes les étapes de son existence. Ce cinquième pilier se matérialise notamment par un portail internet « Mes questions d’entrepreneur » (www.mesquestionsdentrepreneur.fr) qui met à disposition de façon libre et gratuite de nombreuses ressources documentaires et des outils pratiques et ludiques, tels que le jeu d’analyse financière #AventureEntrepreneur.
Une nouvelle enquête approfondie sur les connaissances des Français en matière financière a été réalisée en 2021, selon la même méthode que la première étude de 2018, afin de permettre une comparaison transparente des réponses données et d’évaluer concrètement l’efficacité des actions menées. À terme, l’élévation du niveau global d’éducation financière des Français devrait avoir un impact positif pour les consommateurs comme pour l’économie. Une enquête auprès des entrepreneurs français a également été réalisée pour la première fois.
[1] Source : Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) - Atkinson et Messy - 2012.
[2] Enquêtes réalisées par AUDIREP pour la Banque de France, en juin 2018 et juillet 2019 auprès d’un échantillon représentatif selon la méthode des quotas de 2 154 et 2 155 personnes âgées de 18 ans et plus, en ligne et par téléphone. Dernière enquête réalisée du 18 juin au 9 juillet 2021 disponible ici : Résultats de l'enquête sur la culture financière du grand public
Mis à jour le : 22/07/2022 10:52