La crise financière de 2009 a marqué un retournement de la tendance à la hausse des taux des crédits bancaires entamée en 2005. Les taux médians ont alors baissé de 5 points en moins d’un an pour les crédits à court terme et d’environ 3 points en 2 ans pour les taux longs (voir graphique 2). Ces taux ont légèrement ré-augmenté entre 2010 et 2011 avec la crise de la dette souveraine en zone euro.
L’apaisement des tensions a ensuite entraîné leur diminution, particulièrement pour les crédits de moins d’un an. Au total, les taux médians des crédits à court et long termes ont reculé de 4 points environ entre fin 2008 et fin 2014.
Environ 10 % des entreprises bénéficiant de taux très bas
La cotation des entreprises réalisée par la Banque de France est fondée sur des évaluations effectuées par des analystes financiers. Elle prend en compte des critères tant financiers que qualitatifs. Elle couvre près de 280 000 entreprises au chiffre d’affaires supérieur à 750K euros. Elle comporte 11 notes allant d’une excellente situation à une situation compromise, outre une note attribuée en l’absence d’information défavorable et de documentation récente et celle associée à l’insolvabilité juridique.
Une entreprise est présumée avoir obtenu des conditions de financement particulièrement avantageuses (taux très bas) si le taux de son prêt est inférieur au 1er décile des taux pour les entreprises les plus saines,
c’est-à-dire le taux le plus élevé offert à 10 % des entreprises bénéficiant des taux les plus bas et de la meilleure cotation ou note de la Banque de France.
Sur l’ensemble de l’échantillon, en moyenne, 10 % environ des entreprises bénéficient de taux très bas. Cette proportion a légèrement augmenté en 2010 avant de marquer un recul net en 2014. Par ailleurs, en pourcentage du montant des nouveaux crédits, cette proportion atteint environ 20 %. Ceci reflète le fait que les taux correspondent à des crédits d’encours plutôt élevés. Cette dernière proportion a significativement augmenté avec la crise avant de revenir vers son niveau de long terme sur la période récente.
Les entreprises bénéficiant de crédits à taux très bas peuvent être saines financièrement. De ce fait, il est intéressant de se pencher sur la part de ces crédits accordée aux entreprises les moins bien notées par la Banque de France (5+ et pire, le seuil 5+ est déterminé en fonction de l’exigence minimale de qualité de signature des créances, définie par l’Eurosystème), en tenant en plus compte de leur taille. Une remontée de la part des entreprises mal notées et bénéficiant de taux très bas constituerait une solide preuve d’octroi de crédits zombies.
Parts assez stables et faibles d’entreprises "mal notées" bénéficiant de taux très bas
Le graphique 3a montre que, pour chaque catégorie de taille, la part des entreprises les moins bien notées et bénéficiant de très faibles taux d’intérêt est plus ou moins stable sur la période : entre 2 % et 3 % des petites et moyennes entreprises (PME) et autour de 1 % de l’ensemble constitué par les grandes entreprises (GE), les entreprises de taille intermédiaire (ETI) et les holdings. La part des crédits à taux très bas dans les nouveaux crédits est plus volatile et significative (voir graphique 3b), ce qui reflète la sensibilité de l’indicateur aux prêts de montant élevé.