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Rapport de l’Observatoire des délais de paiement 2024

Mise en ligne le 10 Juillet 2025

Par Virginie Beaumeunier, Présidente de l’Observatoire des délais de paiement, Frédéric Visnovsky Médiateur du crédit, Vice-président de l’Observatoire des délais de paiement et Thomas Allen, Rapporteur Banque de France, direction des Entreprises. 

Pour la publication de ce second rapport annuel depuis le début de ma présidence, nous avons souhaité, en accord avec le vice-président, Frédéric Visnovsky, conserver la structure éditoriale initiée en 2023. Le rapport conserve ainsi un format plus synthétique, tout en distinguant clairement l’analyse des délais de paiement dans les sphères publique et privée. Une troisième partie est consacrée aux leviers d’action et aux solutions mises en avant par les différents acteurs pour lutter contre les retards de paiement.

S’agissant des résultats en matière de délais de paiement, la dynamique de réduction des délais de paiement, amorcée depuis la crise sanitaire, a marqué une pause en 2023, selon les données de la Banque de France. Les délais fournisseurs sont restés stables, à 51 jours d’achats pour les entreprises françaises (hors microentreprises). Cette stabilité s’inscrit dans un contexte économique marqué par une fragilité croissante de la trésorerie des petites et moyennes entreprises (PME), confrontées à des tensions inflationnistes et à la baisse d’activité dans certains secteurs.

Malgré ce coup d’arrêt, la proportion d’entreprises respectant les délais légaux de paiement continue de progresser. Les comportements de paiement s’améliorent, notamment parmi les PME et les microentreprises : plus de 2 PME sur 3 règlent leurs fournisseurs avant les 60 jours prévus par la loi, et plus de 4 microentreprises sur 5 font de même. Toutefois, près de 30 % des entreprises (hors microentreprises) continuent de payer ou d’être payées au-delà de ce délai légal, reflétant une hétérogénéité marquée selon les tailles et les secteurs d’activité.

La situation reste plus contrastée pour les grandes entreprises et les entreprises de taille intermédiaire (ETI). Si l’on constate des progrès sensibles, seules 50 % des grandes entreprises paient aujourd’hui sans retard. Le respect des délais légaux par leurs clients reste plus fréquent, illustrant un déséquilibre persistant dans la chaîne des paiements. 

Ces retards de paiement ont un impact financier tangible. En l’absence de ces retards, les PME auraient bénéficié de 15 milliards d’euros de trésorerie supplémentaire en 2024.Cette redistribution potentielle souligne le défi économique majeur que constitue le respect des délais de paiement pour le tissu entrepreneurial français.

En 2024, les retards de paiement se dégradent de manière significative en France et repassent au-dessus de la moyenne européenne, avec un retard moyen de 13,6 jours au quatrième trimestre. Alors que plusieurs de nos voisins, à l’instar des Pays-Bas ou de l’Allemagne, affichent des niveaux nettement inférieurs, la France recule dans le classement européen. Cette dégradation touche particulièrement les plus petites entreprises, bien que les plus grandes entreprises demeurent les moins bons payeurs en 2024, avec des retards atteignant 18 jours dans les organisations de plus de 1 000 salariés. En outre, la part des grands retards (supérieurs à 30 jours) continue de croître, touchant aujourd’hui plus de 9 % des entreprises françaises.

Nous relevons cette année une nouvelle amélioration des délais de paiement sur le périmètre des dépenses de l’État, avec un délai moyen de paiement de 14,2 jours en 2024 et 89,3 % de paiement sous les 30 jours. Les délais s’améliorent aussi dans les collectivités territoriales passant de 20,9 jours en 2023 à 19,7 jours en 2024, avec cependant des écarts qui demeurent forts selon les territoires. Le rapport confirme la corrélation précédemment observée entre le délai de paiement et la population des collectivités : les délais de paiement tendent à s’allonger avec la taille de la collectivité.

Ils se dégradent néanmoins dans les établissements publics de santé où le délai de paiement moyen s’élève désormais à 63,4 jours, au-delà du délai réglementaire, reflétant des difficultés aussi bien conjoncturelles que structurelles. La situation demeure critique pour le secteur public hospitalier en outre-mer avec un allongement du délai de paiement en outre-mer de 10,1 jours entre 2023 et 2024, pour atteindre désormais 121,5 jours. Toutefois, dans ce secteur, les délais de paiement du comptable se sont améliorés pour atteindre 13,9 jours en 2024.

Bien que contrastés, les améliorations observées dans la sphère publique témoignent de la mobilisation des services concernés, conscients de l’importance de ces enjeux pour la trésorerie des entreprises, et des premiers résultats des processus engagés de modernisation de la chaîne de la dépense publique.

Face à ces constats, l’Observatoire des délais de paiement poursuit et intensifie ses travaux afin de lutter contre les retards de paiement observés. Les objectifs sont clairs : garantir un environnement de confiance entre partenaires commerciaux, favoriser la solidité financière des entreprises, et faire du respect des délais de paiement un levier de compétitivité pour l’ensemble de l’économie française. En particulier, l’Observatoire a cherché à identifier les déterminants de ces retards et les solutions envisageables pour y remédier. À cet effet, un groupe de travail a été mis en place pour analyser les causes profondes des retards et proposer des recommandations concrètes donnant lieu à la publication d’un guide des bonnes pratiques (Observatoire des délais de paiement, Guide des bonnes pratiques contre les retards de paiement).

En 2025, l’Observatoire ambitionne de poursuivre ses réflexions quant à la simplification de la présentation des délais de paiement par les entreprises dans les documents financiers, afin d’améliorer et de promouvoir une plus grande transparence et la bonne application des données exigées par l’arrêté du 20 mars 2017 pris en application de l’article D. 441-4 du Code de commerce.

Le présent rapport 2024 met en lumière ces réalités contrastées, en proposant une lecture approfondie des chiffres et une analyse thématique renouvelée. Nous espérons qu’il contribuera à une mobilisation renforcée de tous les acteurs concernés, alors que les tendances révélées appellent à renforcer notre vigilance quant à des relations commerciales loyales et équilibrées.
 

Mise à jour le 10 Juillet 2025