Devant l’évolution des perspectives d’inflation, il est néanmoins devenu manifeste que le retour à une orientation monétaire globalement neutre ne suffirait pas. Selon nos projections, l’inflation devait atteindre des niveaux trop largement supérieurs à notre objectif à moyen terme de 2 %, pendant une trop longue période, et certains signes indiquaient qu’elle devenait plus persistante, les tensions sur les prix se généralisant et l’inflation sous-jacente se renforçant. Un tel environnement exigeait que nous portions les taux d’intérêt à des niveaux restrictifs en vue de freiner la demande.
En décembre, à l’issue de notre dernière réunion de politique monétaire de l’année, nous avons par conséquent annoncé que les taux d’intérêt devraient encore être augmentés sensiblement à un rythme régulier, afin d’atteindre des niveaux suffisamment restrictifs pour assurer un retour au plus tôt de l’inflation au niveau de notre objectif. Nous avons de plus indiqué que, même si les taux d’intérêt directeurs de la BCE étaient notre principal instrument pour définir l’orientation de la politique monétaire, nous allions amorcer une réduction du portefeuille de titres détenus en vertu de l’APP à partir de mars 2023, à un rythme mesuré et prévisible. Ces annonces ont fait suite à la décision, en octobre, de recalibrer les conditions applicables à la troisième série d’opérations ciblées de refinancement à plus long terme, levant un frein aux remboursements anticipés volontaires des emprunts. Les actifs détenus à des fins de politique monétaire ont diminué d’environ 830 milliards d’euros environ entre fin juin (interruption des achats nets d’actifs) et fin décembre, contribuant ainsi à la normalisation de notre bilan.
Outre les mesures que nous avons adoptées pour lutter contre une inflation élevée, nous avons continué d’étudier et de traiter les menaces plus larges que le changement climatique fait peser sur notre mandat. En 2022, nous avons en effet davantage intégré les considérations liées au changement climatique dans nos opérations de politique monétaire. Nous avons, notamment, effectué un premier test de résistance climatique de plusieurs expositions financières inscrites à notre bilan, et amélioré la prise en compte des effets du changement climatique dans notre modélisation macroéconomique. Depuis octobre, nous avons entamé la décarbonation des avoirs en obligations d’entreprise détenus dans nos portefeuilles de politique monétaire en les réorientant vers des émetteurs qui présentent de meilleures performances climatiques. Nous avons également décidé de limiter la part des actifs émis par des sociétés non financières à forte empreinte carbone pouvant être apportés en garantie dans le cadre d’emprunts contractés auprès de l’Eurosystème.