Le salaire mensuel de base (SMB) et les salaires négociés dans les branches ont des évolutions similaires (graphique 2). Cependant, la croissance du SMB est en général supérieure à celle des minima de branche car le SMB inclut, en plus des hausses de branche, des augmentations négociées dans les entreprises ou au niveau individuel. Le salaire de base représente plus de 80% de la rémunération totale des salariés. En période de reprise économique, la part variable de la rémunération (heures supplémentaires, primes) peut soutenir la hausse des rémunérations totales. Ainsi, fin 2017, le salaire moyen par tête (SMPT), qui inclut les heures supplémentaires et les primes, croît plus rapidement que le salaire de base ou les salaires négociés (graphique 2). En outre, les évolutions des salaires négociés et du SMB sont mesurées à composition constante du marché du travail alors que l’évolution du SMPT reflète aussi l’évolution des qualifications et de la quotité du travail.
Depuis 2008-2009, la croissance nominale des salaires négociés a progressivement ralenti, en lien avec la baisse de l’inflation et les moindres gains de productivité. Entre 2007 et 2009, les salaires minima conventionnels augmentaient à un rythme supérieur à 2% malgré la crise de 2008 et le recul de la productivité du travail. Les minima de branche ont ensuite progressé moins rapidement, à environ 1,5% par an entre 2010 et 2013. La période récente 2014-2017 se caractérise enfin par une croissance des salaires négociés inférieure à 1%. Parmi les principales économies de la zone euro, l’Italie connait une évolution nominale des salaires négociés comparable à celle de la France : ils ont augmenté en moyenne de 0,9% entre 2014 et 2017 (contre 2% environ sur 2007-2013). Au contraire, en Allemagne où le taux de chômage est tombé à moins de 4% de la population active en 2017, cette croissance moyenne est restée robuste à 2,5% sur l’ensemble de la période 2014-2017.
Les hausses de salaires négociés dépendent de l’inflation passée et de l’évolution du Smic
Le ralentissement de la croissance des salaires négociés depuis 2014 s’explique par des accords de salaire moins réguliers mais aussi par des hausses négociées plus faibles (graphique 3). La période d’inflation proche de zéro s’accompagne de hausses de minima de branches proches ou inférieures à 1% alors qu’elles se distribuaient autour de 2% avant 2014. Pour autant, la progression moyenne des salaires négociés en termes réels est restée positive et a même un peu augmenté sur la période la plus récente (+0,4% avant 2014 et +0.6% après 2014).
Les hausses négociées dans les branches sont déterminées principalement par deux facteurs : l’inflation et l’évolution du Smic (Fougère et al. 2016). C’est l’inflation de l’année passée qui sert de référence pour les négociations de l’année en cours. Aussi, quand l’inflation connait un regain, cela ne se traduit pas instantanément dans les salaires négociés. Le Smic, indexé sur l’inflation passée, sert aussi de point de référence pour les salaires négociés. Cela accentue encore la dépendance des salaires de branche à l’inflation passée. Si les salaires négociés sont très dépendants de l’inflation passée, ils sont en revanche moins sensibles aux évolutions de l’activité ou du chômage.