En moyenne, 1 point de PIB de baisse d’impôts se traduit par un gain en PIB qui se situe entre 0,3-0,5p.p. (on parlera ici de multiplicateur fiscal). Si cette élasticité parait relativement faible, les montants en jeu de la loi Tax Cuts and Jobs Act pourraient cependant générer d’importants gains de croissance (en rouge sur le Graphique 2). En particulier, la forte baisse du taux d’impôt sur les sociétés aurait des effets immédiats significatifs, bien que limités dans le temps. Les choix des entreprises dans l’utilisation des profits générés par la baisse de la fiscalité en faveur de l’investissement productif seront donc essentiels à l’efficacité de la réforme. Ces dernières années, l’augmentation des profits a donné lieu à une importante hausse du montant des dividendes distribués et des rachats d’actions ce qui pourrait limiter les gains attendus des baisses d’impôts en terme de croissance à court terme. Pour les ménages, les effets de la baisse de l’impôt sur le revenu (et de l’augmentation des plafonds de déduction) seraient importants mais plus étalés dans le temps.
En revanche, les effets de l’accord budgétaire (Bipartisan Budget Act of 2018) seraient plus importants que ceux des baisses d’impôts. L’impact de l’accord budgétaire (en bleu sur le Graphique 2) est immédiat et conséquent sur la croissance durant les deux années concernées par l’augmentation des dépenses publiques (multiplicateur budgétaire proche de 1 en première année).
… au prix d’un dérapage sévère du déficit commercial et de l’endettement public
Les effets positifs de la relance budgétaire sur la demande entraînent un creusement marqué des déficits commerciaux et courants américains, qui atteindraient respectivement 4% et 3,8% du PIB en 2019 (contre 2,9% et 2,4%, respectivement, en 2017).
Une décomposition par secteur institutionnel (Graphique 3) indique une forte détérioration du déficit public, qui passerait de 4,8% du PIB en 2017 à 6,1% en 2019. À l’inverse, la baisse de la pression fiscale sur le secteur privé devrait lui permettre de dégager un surcroit d’épargne, modérant le risque sur le financement du déficit courant. Tous effets confondus, le dérapage du déficit public devrait se traduire par une hausse de 10 points de PIB de l’endettement public, proche de 120% du PIB à l’horizon 2027.