Bulletin de la Banque de France

Les entreprises industrielles face à la transition énergétique en France – Résultats de l’enquête menée par la Banque de France en septembre 2022

Mise en ligne le 28 Juillet 2023
Auteurs : Honorine Dekoninck, Pauline Lesterquy, Edith Stojanovic, Julien Zory

Bulletin n°247, article 1. Afin d’atteindre ses objectifs climatiques, la France doit procéder à la décarbonation rapide de son industrie. En 2022, pour réduire la consommation énergétique ou les émissions associées, 90 % des entreprises industrielles avaient déjà mis en œuvre des mesures d’économies d’énergie et 65 % des mesures d’efficacité énergétique.
Selon l’enquête menée par la Banque de France en septembre 2022, 19 % des entreprises du secteur manufacturier s’estimaient très exposées aux risques climatiques de transition, 6 % aux risques physiques, et 56 % d’entre elles se disaient très exposées aux risques de sécurité énergétique. En moyenne, elles prévoyaient de doubler leur effort financier en faveur de la transition énergétique sur trois ans.
En septembre 2022, l’énergie était encore très chère. Si le contexte est aujourd’hui différent, certains enseignements restent largement pertinents sur la réaction des entreprises, leur exposition aux risques climatiques et énergétiques, et leurs stratégies d’adaptation à un niveau fin.

Image Stratégies des entreprises pour réduire la consommation énergétique ou les émissions associées Description Le graphique présente les stratégies des entreprises pour réduire la consommation énergétique ou les émissions associées (fréquence pondérée en %) : - économies d'énergie : 90 ; - décarbonation de l'énergie : 40 ; - efficacité énergétique : 65 ; - autre : 17 ; - aucune stratégie déployée pour le moment : 3. Enquête Banque de France sur les conditions de production, septembre 2022. Chiffres clés : 19% : la part des entreprises de l'industrie s'estimant très exposées aux risques climatiques de transition. 65% : la part des entreprises industrielles ayant mis en place des mesures d'efficacité énergétique. 40% : la proportion d'entreprises industrielles intégrant une stratégie de décarbonation de l'énergie dans leur production. Champ : Entreprises de l'industrie manufacturière de 20 salariés ou plus. Note : Les pondérations tiennent compte du secteur d'activité et de la taille de l'entreprise (cf. annexe méthodologique).  
Stratégies des entreprises pour réduire la consommation énergétique ou les émissions associées

L’enquête sur les conditions de production (ECP) de la Banque de France est une enquête annuelle menée auprès des entreprises de l’industrie manufacturière sur une semaine de référence en septembre, portant sur différentes contraintes de production auxquelles elles sont confrontées pour accroître leur activité.

Le volet thématique de l’édition 2022 se penche sur l’exposition des entreprises aux risques climatiques et énergétiques, ainsi que sur les stratégies qu’elles adoptent pour maîtriser leurs coûts de production et réduire leurs émissions de gaz à effet de serre dans le contexte de la transition énergétique.

La réduction des émissions de gaz à effet de serre de la France pour atteindre ses objectifs climatiques nécessite une décarbonation rapide des processus de production. En 2020, l’industrie – y compris la construction – représentait 19 % de la consommation finale énergétique de la France (ministère de la Transition énergétique, 2022) et 18 % des émissions de gaz à effet de serre (ministère de la Transition énergétique et I4CE, 2022). Si la chimie, la métallurgie et la fabrication de minéraux non métalliques représentent 75 % des émissions de l’industrie, tous les sous‑secteurs devront néanmoins se transformer pour atteindre la neutralité carbone en 2050. En plus de sa consommation énergétique propre, l’industrie va devoir s’adapter à moyen terme pour répondre aux évolutions de la demande, qui vont réorienter le système de production vers les secteurs et les technologies propres.

Cette réallocation implique de débloquer des montants d’investissement considérables. L’exposition des entreprises aux risques climatiques et énergétiques est susceptible d’influencer leur comportement d’investissement, dans le cadre de la transition énergétique. Notre enquête propose une nouvelle mesure de la perception des entreprises sur leur exposition à ces risques.

De plus, les chocs sur les prix de l’énergie durant la période de transition pourraient conduire les entreprises à changer de stratégie. La hausse des risques pesant sur les énergies carbonées peut créer des incitations à accélérer la transition énergétique, mais peut aussi justifier un accompagnement des pouvoirs publics en cas de choc abrupt sur les prix et sur les approvisionnements. À ce titre, l’économie française s’est révélée plutôt résiliente face au choc de 2022. Certaines questions de l’enquête permettent de tirer de premiers enseignements concernant l’hétérogénéité de l’exposition et la diversité des leviers d’ajustement des entreprises à court terme face aux chocs sur l’énergie.

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