La BCE entérine un pilotage de la politique monétaire par rapport au taux de la facilité de dépôt
Dans ce contexte, la BCE a décidé de revoir son cadre opérationnel afin d’assurer une bonne transmission de sa politique monétaire quel que soit l’environnement économique et financier, tout en s’adaptant à la diversité des modèles bancaires de la zone euro. Ce cadre respecte 6 grands principes : efficacité, solidité, flexibilité, efficience, économie de marché, prise en compte des objectifs secondaires de la BCE et notamment les risques climatiques.
Après une phase d’excédent de liquidité exceptionnellement élevé, la BCE va continuer de fournir une liquidité ample au système financier via un ensemble large d’instruments, comprenant des opérations de refinancement standard (à une semaine et à trois mois) et des opérations structurelles – sous la forme d’opérations de refinancement à plus long terme et de portefeuille de titres. Les opérations de refinancement standard seront servies en FRFA – à taux fixe et pour un montant illimité – afin de répondre aux besoins de liquidité des banques et resteront garanties par un cadre de collatéral large. Les opérations structurelles, dont les caractéristiques et la temporalité restent à définir, intégreront dans la mesure du possible des considérations liées au climat, au nom de l’objectif secondaire de la BCE.
Concrètement, cela signifie que l’ancrage des taux monétaires au plancher du corridor, comme pratiqué depuis 2015 (graphique 1) est officialisé. Une certaine volatilité des taux du marché monétaire autour du taux de la facilité de dépôt sera néanmoins tolérée et n’entrainera pas systématiquement l’intervention de la banque centrale, tant que ces mouvements n’altèrent pas l’orientation de la politique monétaire.
Ces modifications répondent aux évolutions du système financier depuis 2008, la banque centrale s’adaptant de manière élastique aux besoins en liquidité des banques, qui sont plus importants qu’auparavant pour des motifs réglementaires et de précaution.
Enfin, la BCE a annoncé le resserrement de la taille de son corridor en réduisant l’écart entre le taux de dépôt et le taux de refinancement à 0,15 % (contre 0,50 % actuellement). Cette décision sera effective le 18 septembre 2024 et vise à rendre plus attractif le recours aux opérations principales de refinancement, en réduisant l’écart entre le coût auquel les banques se refinancent auprès de la banque centrale et le taux auquel elles peuvent y replacer leurs fonds. Le maintien d’un écart laisse néanmoins l’opportunité pour des échanges sur le marché monétaire et des financements de marché pour les banques.