Trois objectifs difficiles à concilier
La crise du gaz de 2022 a largement résulté de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Elle a entraîné des ruptures d’approvisionnement en provenance de Russie et une forte augmentation temporaire des prix de gros du gaz naturel sur les marchés de l’Union européenne (UE), ce qui a conduit à une forte hausse du prix de gros de l’électricité puis de ceux de détail (Baget et al., 2024 sur le fonctionnement du marché européen de l’électricité). En septembre 2022 (pic des prix de gros), les composantes « gaz » et « électricité » ont contribué à hauteur de + 2,6 points de pourcentage à la variation annuelle des prix à la consommation en zone euro, qui était de + 9,9 % en glissement annuel. Les effets de la crise se sont toutefois fortement atténués par la suite. En décembre 2023, la contribution des prix de l’énergie aux prix à la consommation est devenue négative, ce qui signifie que l’énergie a ralenti l’inflation au cours de l’hiver 2023 2024.
Face aux difficultés créées par le renchérissement des prix du gaz et de l’électricité en 2022, les États membres de l’UE ont mis en place différentes mesures afin de contenir l’inflation. Le Fonds monétaire international (FMI) mesure ainsi que l’inflation dans la zone euro aurait été entre 1 et 2 points de pourcentage plus élevée en 2022 dans une situation de laissez faire (Dao et al., 2023).
Des objectifs multiples, difficilement conciliables
Pour faire face à la crise énergétique, deux types de mécanismes ont été mis en place par les États membres de l’UE : d’une part, une intervention étatique directe sur les prix payés par les consommateurs pouvant prendre la forme d’un plafonnement de prix ou de subventions aux producteurs, pour certains mécanismes par une réduction directe de l’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) ; d’autre part le versement d’aides monétaires.
Ces mesures de soutien à l’économie ont visé, à des degrés divers, certains des trois objectifs suivants :
1) L’atténuation de l’effet de la hausse des prix pour les consommateurs, passant parfois directement par une réduction de l’IPCH ;
2) La minimisation du coût des mesures de soutien pour les finances publiques ;
3) La réduction de la demande de gaz et d’électricité, tout en maintenant la sécurité d’approvisionnement.
Le plafonnement des prix limite le « signal prix »
Le plafonnement des prix consiste à…