L’évolution de l’emploi à partir de l’enquête emploi
Le taux de chômage augmente de 9,2 % à 9,4 % du deuxième au troisième trimestre 2017 en France métropolitaine, alors que l’emploi salarié progresse de plus de 40 mille.
La première statistique sur le taux de chômage au sens du BIT, publiée le 16 novembre, provient de l’enquête emploi trimestrielle auprès des ménages réalisée par l’Insee. La publication du taux de chômage s’accompagne de celle du taux d’emploi, défini comme le rapport de l’emploi à la population totale en âge de travailler. Le niveau de l’emploi ou sa variation ne sont pas publiés. Mais en multipliant le taux d’emploi par la population de 15 à 64 ans, stable depuis 2010, nous obtenons la série d’emploi représentée dans le graphique 1. Selon ce calcul, l’emploi diminuerait d’environ 80 mille au troisième trimestre 2017.
La seconde statistique sur l’emploi salarié, publiée le 12 décembre provient pour l’essentiel de l’estimation des effectifs des principaux secteurs à partir de sources administratives portant sur les employeurs.
Population active, chômage, emploi et flexion conjoncturelle d’activité
Une progression de la population active peut expliquer une hausse simultanée du taux de chômage et de l’emploi. D’une part la population active croît tendanciellement, à la fois pour des raisons démographiques mais aussi du fait des réformes modifiant l’âge de départ à la retraite. Ainsi les entrées de jeunes sur le marché du travail demeurent chaque année plus importantes que les sorties de séniors. D’autre part, à cette hausse tendancielle de la population active s’ajoute le mécanisme de "flexion conjoncturelle d’activité" : une augmentation de l’emploi incite des inactifs à se mettre en recherche d’emploi, et donc à entrer dans le champ de la population active (en emploi ou au chômage). La population active peut alors progresser plus rapidement que l’emploi.
Deux sources pour la mesure conjoncturelle de l’emploi : auprès des employeurs ou des ménages
La divergence entre les niveaux d’emploi selon les deux sources provient notamment de différences de champ (voir sur le site de l’Insee l’onglet documentation dans la page "estimations d’emploi"). En premier lieu, l’enquête auprès des ménages tient également compte de l’emploi non salarié, non couvert par les sources administratives issues des employeurs. Ensuite, les champs géographiques des deux mesures diffèrent : l’enquête emploi porte sur les ménages résidents en France, qui sont comptabilisés comme employés même s’ils travaillent à l’étranger ; en revanche, les sources administratives sur les employeurs ne portent que sur les effectifs salariés en France.
La comparaison des évolutions trimestrielles de l’emploi selon les deux sources (ménages ou employeurs) montre que la divergence est d’ampleur exceptionnellement marquée au troisième trimestre 2017, avec en outre des évolutions de sens opposé (graphique 1). On notera toutefois que l’écart avait été de signe opposé au trimestre précédent, avec une hausse de l’emploi de l’ordre de 200 mille selon l’enquête emploi, à comparer à environ 90 mille selon les sources administratives employeurs. Sur plus longue période, on constate des écarts plus limités et de signes variables.
De fait, un lissage sur quatre trimestres des séries provenant des deux types de sources fait apparaitre un profil plus similaire des évolutions de l’emploi (cf. graphique 2).