Enquête mensuelle de conjoncture

Enquête mensuelle de conjoncture – Début novembre 2023

Mise en ligne le 8 Novembre 2023

La Banque de France publie des enquêtes de conjoncture : un diagnostic sur l’économie française, sous la forme d’indicateurs de climat des affaires et de prévisions à court terme. L’enquête mensuelle de conjoncture, chaque début de mois, décrit la situation conjoncturelle du mois précédent et prévoit le PIB trimestriel, grâce aux réponses de 8 500 dirigeants d’entreprise.

Selon les chefs d’entreprise participant à notre enquête (environ 8 500 entreprises ou établissements interrogés entre le 27 octobre et le 6 novembre), l’activité a légèrement progressé en octobre dans l’industrie, les services marchands et le second oeuvre du bâtiment. D’après les anticipations pour novembre, l’activité dans les services continuerait à croître à un rythme modéré tandis qu’elle évoluerait peu dans l’industrie et le bâtiment. Les carnets de commande poursuivent leur érosion dans l’industrie et enregistrent un nouveau repli à un bas niveau dans le gros oeuvre du bâtiment.

Dans l’industrie, les prix des matières premières continuent de se replier selon les chefs d’entreprise tandis que ceux des produits finis sont jugés quasi stables. Dans les trois grands secteurs, la proportion d’entreprises ayant augmenté leurs prix le mois précédent reste faible, proche de ses niveaux pré-covid.

Les difficultés de recrutement reculent plus nettement ce mois-ci mais concernent encore 44 % des entreprises (après 49 % le mois dernier).

Notre indicateur montre un regain d’incertitude en particulier dans le bâtiment. La situation de trésorerie se redresse légèrement mais demeure toujours jugée dégradée dans l’industrie et dans les services.

Sur la base des résultats de l’enquête, complétés par d’autres indicateurs, nous estimons que le PIB progresserait entre + 0,1 % et + 0,2 % au quatrième trimestre (après sa hausse de + 0,1 % au troisième trimestre conformément à notre prévision), porté par les services marchands ainsi que, dans une moindre mesure, par un léger rebond de l’industrie manufacturière. À ce stade du trimestre, cette estimation est toutefois entourée d’une large marge d’incertitude.

1. En octobre, l’activité progresse légèrement dans l’industrie, les services marchands et le second œuvre du bâtiment

En octobre, comme anticipé le mois dernier par les entreprises interrogées, l’activité progresse légèrement dans l’industrie, avec cependant des évolutions contrastées selon les secteurs. L’industrie automobile, la pharmacie, la chimie et les produits informatiques, électroniques et optiques, enregistrent un net rebond, tandis que l’activité est en repli dans le bois, papier, imprimerie, et dans une moindre mesure les produits en caoutchouc, plastique et les machines et équipements.

Après avoir enregistré une baisse continue depuis un an, le TUC (taux d’utilisation des capacités de production) se stabilise à 76 %. Il augmente dans l’industrie chimique (à 75 % après 73 % en septembre) et la pharmacie (82 %, après 79 %).

Image Opinion sur l'évolution de l'activité Thématique Conjoncture Catégorie Enquête mensuelle de conjoncture
Opinion sur l'évolution de l'activité dans l'industrie, dans les services marchands et dans le bâtiment

Les stocks de produits finis sont toujours jugés élevés en octobre. Dans l’automobile et la chimie, ils sont nettement au-dessus de leur niveau de moyen terme. A l’inverse, les stocks diminuent dans le bois, papier, imprimerie et les produits informatiques électroniques et optiques.

Image SITUATION DES STOCKS DE PRODUITS FINIS DANS L’INDUSTRIE Thématique Conjoncture Catégorie Enquête mensuelle de conjoncture
Situation des stocks de produits finis dans l'industrie

Dans les services marchands, l’activité continue de progresser. Parmi les services aux entreprises, le conseil de gestion, les activités d’architecture et ingénierie et les activités juridiques et comptables sont dynamiques. Après un très bon mois de septembre, les services aux particuliers – hébergement, restauration – voient leur activité se stabiliser. Le travail temporaire enregistre un nouveau repli ce mois-ci.

Dans le bâtiment, l’activité dans le second œuvre progresse tandis qu’elle est stable dans le gros œuvre.

Les soldes d’opinion sur la situation de trésorerie se redressent légèrement mais restent dégradés dans l’industrie ; si la trésorerie est jugée bonne dans l’aéronautique et la pharmacie, elle est particulièrement basse dans le bois, papier, imprimerie et l’habilement, textile, chaussures. Dans les services marchands, la situation de trésorerie s’améliore dans les services juridiques et comptables et la restauration.

Image SITUATION DE TRESORERIE Thématique Conjoncture Catégorie Enquête mensuelle de conjoncture
Situation de trésorerie dans l'industrie et dans les services marchands

2. En novembre, selon les anticipations des entreprises, l’activité progresserait légèrement dans les services et évoluerait peu dans l’industrie et le bâtiment

Pour le mois de novembre, selon les chefs d’entreprise de l’industrie, l’activité évoluerait peu. Alors que les secteurs de l’aéronautique et des autres produits industriels verraient leur production augmenter, l’automobile et les machines et équipements seraient orientés à la baisse.

Dans les services, l’activité progresserait légèrement, avec la poursuite du dynamisme marqué des services aux entreprises (conseil de gestion, activités d’architecture et d’ingénierie). A l’inverse, le travail temporaire serait de nouveau en repli.

Enfin, dans le bâtiment, tandis que les chefs d’entreprise anticipent une légère progression de l’activité dans le second œuvre, le gros œuvre enregistrerait un repli marqué.

L’opinion sur la situation des carnets de commande dans l’industrie se dégrade de nouveau en octobre. Les secteurs de l’aéronautique et des produits informatiques, électroniques et optiques sont les seuls à enregistrer des carnets jugés bons ou très bons. Le niveau des carnets est jugé particulièrement bas dans le bois, papier, imprimerie, l’industrie chimique, le caoutchouc-plastique et les industries agro-alimentaires.

Dans le bâtiment, le gros œuvre enregistre un nouveau recul de ses carnets de commande, à un niveau particulièrement bas dans les activités relatives à la construction de maisons individuelles. Dans le second œuvre, le niveau des carnets baisse légèrement – sous sa moyenne de long terme – et les chefs d’entreprise indiquent une très faible visibilité au-delà de la fin d’année.

Ainsi notre indicateur mensuel d’incertitude, construit à partir d’une analyse textuelle des commentaires des entreprises interrogées, montre un regain de l’incertitude, plus particulièrement dans le bâtiment, attribué à un manque de visibilité sur 2024.

Image SITUATION DES CARNETS DE COMMANDES Thématique Conjoncture Catégorie Enquête mensuelle de conjoncture
Situation des carnets de commandes
Image INDICATEUR D'INCERTITUDE Thématique Conjoncture Catégorie Enquête mensuelle de conjoncture
Indicateur d’incertitude dans les commentaires de l’enquête mensuelle de conjoncture (EMC)

3. La modération des prix de vente se confirme

En octobre, les difficultés d’approvisionnement se stabilisent à un niveau relativement bas dans l’industrie (17 % des entreprises les mentionnent comme en septembre) et continuent de baisser dans le bâtiment (7 % après 9 % en septembre). Dans l’industrie, les prix des matières premières continuent de se replier selon les chefs d’entreprise, tandis que ceux des produits finis sont jugés quasi stables.

De façon plus détaillée, 6 % des industriels déclarent avoir augmenté leurs prix de vente ce mois-ci, à comparer à 23 % en octobre 2022. Par ailleurs, 6 % des industriels déclarent avoir baissé leurs prix de vente en octobre – à comparer à 3 % en octobre 2022 – en lien avec la détente des prix des matières premières. Les baisses de prix de produits finis sont les plus répandues dans le bois-papier-imprimerie (20 % des industriels ont passé des baisses de prix), l’agroalimentaire et la métallurgie (11 %) ; dans tous ces secteurs, les proportions d’entreprises ayant baissé leurs prix sont plus élevées que pour celles ayant relevé leurs prix.

Dans le bâtiment, 13 % des entreprises ont augmenté leurs prix ce mois-ci (à comparer à 43 % en octobre 2022), et cette proportion est plus faible dans le gros œuvre (8 %, à comparer à 40 % en octobre 2022) en lien avec la dégradation de l’activité.

Dans les services, la proportion d’entreprises indiquant une hausse de leur prix augmente légèrement et s’établit à 11 %, mais elle est très en-dessous de son niveau de 20 % d’il y a douze mois. Les hausses de prix sont les plus répandues dans le conseil de gestion et les activités de nettoyage.

La proportion de chefs d’entreprise prévoyant de relever leurs prix en novembre est proche de celle observée en octobre dans l’industrie (5 %), et serait en diminution dans les services marchands (7 %) et le bâtiment (9 %).

Image PROPORTION DE CHEFS D'ENTREPRISE Thématique Conjoncture Catégorie Enquête mensuelle de conjoncture
Proportion de chefs d’entreprise de l’industrie et des services marchands ayant modifié leurs prix de vente
Image PROPORTION DES INDUSTRIELS Thématique Conjoncture Catégorie Enquête mensuelle de conjoncture
Proportion de chefs d’entreprise du bâtiment ayant modifié leurs prix de vente et proportion des industriels ayant indiqué une hausse ou une baisse de leurs prix de produits finis en octobre, par sous-secteur
Image PART DES ENTREPRISES INDIQUANT DES DIFFICULTES DE RECRUTEMENT Thématique Conjoncture Catégorie Enquête mensuelle de conjoncture
Part des entreprises indiquant des difficultés de recrutement

Les chefs d’entreprise ont également été interrogés sur leurs difficultés de recrutement. Dans un contexte où l’emploi privé a commencé à se tasser au troisième trimestre, leur repli s’accélère en octobre, et plus particulièrement dans les services – notamment services aux entreprises (dont intérim) – et le bâtiment. Elles concernent désormais 44 % des entreprises interrogées dans l’ensemble des secteurs, contre 49 % en septembre.

4. Nos estimations suggèrent que l’activité continuerait de croître légèrement au quatrième trimestre

Selon les comptes nationaux trimestriels publiés fin octobre par l’Insee, le PIB a progressé de + 0,1 % au troisième trimestre, soit l’évolution que nous avions anticipée dans notre précédente publication de conjoncture, parue le 9 octobre 2023. Les replis dans l’industrie manufacturière et, dans une moindre mesure, dans la construction ont été un peu plus que compensé par une légère hausse de l’activité dans les secteurs de l’énergie et des services.

Sur la base des informations de l’enquête mensuelle de conjoncture de la Banque de France complétée par d’autres données disponibles (indices de production et enquêtes de l’INSEE ainsi que données à hautes fréquences), nous estimons que le volume du PIB connaîtrait une hausse comprise entre + 0,1 % et + 0,2 % au quatrième trimestre par rapport au trimestre précédent. L’activité économique continuerait ainsi de croître légèrement, portée par les services marchands ainsi que par un léger rebond de l’industrie manufacturière. À ce stade du trimestre, cette estimation est toutefois entourée d’une large marge d’incertitude.

Comme le suggèrent les perspectives favorables de production et de livraison, la valeur ajoutée manufacturière repartirait à la hausse ce trimestre. Le secteur de l’énergie serait en légère baisse après quatre trimestres de hausse résultant de la réouverture du parc nucléaire. L’activité des services marchands serait en hausse, notamment portée par l’information-communication et les services aux entreprises. La construction connaîtrait une dégradation sensible ce trimestre, en cohérence avec la forte baisse des mises en chantier.

Image VARIATIONS TRIMESTRIELLES DU PIB ET DE LA VALEUR AJOUTEE EN FRANCE Thématique Conjoncture Catégorie Enquête mensuelle de conjoncture
Variations trimestrielles du PIB et de la valeur ajoutée en France