Bulletin de la Banque de France

Baisse de la rentabilité depuis 2005 : les banques françaises tirent leur épingle du jeu

Mise en ligne le 30 Avril 2018
Auteurs : Avisoa Eugenio, Nicolas Châtelais, Pierre-Yves Gauthier, Joël Guilmo, Emmanuel Point, Stéphanie Tristram

Bulletin n°216, article 3. Dans un contexte de taux bas et de renforcement des fonds propres, la rentabilité s’est dégradée pour les banques françaises et européennes entre 2005 et 2016. Si, à l’inverse, le rendement des actifs des banques américaines a retrouvé son niveau d’origine en fin de période après correction des écarts de référentiel comptable, le rendement de leurs fonds propres s’est inscrit également en net repli. Les banques françaises ont été nettement moins affectées que leurs concurrentes européennes par la crise financière de 2008 et celle des dettes souveraines en 2011 et ont amélioré leur efficacité opérationnelle, en particulier depuis 2012. En outre, elles ont, comme les banques américaines, plus que doublé leurs capitaux propres mais leur total de bilan s’est accru plus rapidement. Les banques européennes ont, pour leur part, enregistré une progression plus réduite de leurs capitaux (+ 66 %) et leur total de bilan est resté stable.

Image Rendement des capitaux propres Description Ce graphique propose une observation du rendement des capitaux propres entre 2005 et 2016 des banques françaises, des banques européennes et des banques américaines (sources : communication financière, Federal Deposit Insurance Corporation (FDIC) et calculs Banque de France-ACPR). Chiffres clés : Concernant la progression des capitaux propres : + 109 % pour les banques américaines + 66 % pour les banques européennes + 97 % pour les banques françaises Concernant la hausse du total de bilan : + 10 % pour les banques américaines + 2 % pour les banques européennes + 42 % pour les banques françaises Analyse du graphique (extrait de l'article) : Les RoA (return on assets) moyens des trois groupes de banques ont connu des évolutions contrastées  : • les banques françaises ont enregistré une baisse relativement limitée (– 13,4 points de base (pb) avec un RoA en 2016 égal à 0,35 %), même si elles ont subi un net repli avec la crise (– 0,18 % en 2008) ; • les banques européennes ont été sensiblement plus touchées, leur RoA diminuant de 54 pb pour atteindre 0,09 % en 2016, contre 0,63 % en 2005, avec un plus bas à – 0,23 % en 2008 ; • le ratio des banques américaines a retrouvé, en 2016, avec 0,71 %, son niveau de 2005 (0,70 %) bien qu’elles aient payé le plus lourd tribut à la crise  (– 0,58 % en 2008). Les banques américaines continuent d’afficher un RoA nettement plus élevé que leurs concurrentes ; les banques françaises se distinguent par un RoA moyen supérieur à celui des autres banques européennes depuis 2010, alors que leurs performances étaient légèrement en retrait avant la crise.

Le présent article étudie l’évolution de la rentabilité bancaire, mesurée par le rendement des actifs (return on assets – RoA) ou par celui des capitaux propres (return on equity – RoE), entre 2005 et 2016, à partir d’un échantillon de 6 banques françaises, 15 banques européennes et 8 banques américaines incluant l’ensemble des banques d’importance systémique mondiales des trois zones géographiques considérées (cf. annexe méthodologique). Il cherche, en particulier, à mesurer les contributions respectives de la dynamique des résultats, de la taille des bilans et des capitaux propres aux changements observés.

1. La rentabilité des banques de l’échantillon s’est dans l’ensemble nettement réduite depuis 2005

Tandis qu’il a été stable pour les banques américaines, le rendement des actifs des banques françaises a baissé, mais nettement moins que celui des banques européennes

Les RoA moyens des trois groupes de banques ont connu des évolutions contrastées (cf. graphique 1) :

  • les banques françaises ont enregistré une baisse relativement limitée (– 13,4 points de base (pb) avec un RoA en 2016 égal à 0,35 %), même si elles ont subi un net repli avec la crise (– 0,18 % en 2008) ;
  • les banques européennes ont été sensiblement plus touchées, leur RoA diminuant de 54 pb pour atteindre 0,09 % en 2016, contre 0,63 % en 2005, avec un plus bas à – 0,23 % en 2008 ;
  • le ratio des banques américaines a retrouvé, en 2016, avec 0,71 %, son niveau de 2005 (0,70 %) bien qu’elles aient payé le plus lourd tribut à la crise (– 0,58 % en 2008).

Les banques américaines continuent d’afficher un RoA nettement plus élevé que leurs concurrentes ; les banques françaises se distinguent par un RoA moyen supérieur à celui des autres banques européennes depuis 2010, alors que leurs performances étaient légèrement en retrait avant la crise.

Concernant les banques françaises (cf. graphique 2a), la baisse du RoA reflète uniquement la hausse du total de bilan entre 2005 et 2016 (contribution de – 11,8 pb), leurs résultats ayant légèrement progressé dans le même temps (contribution de + 1,3 point de base) ; en particulier, la hausse marquée de leur produit net bancaire (PNB) 1 leur a permis d’absorber celle des frais de gestion, du coût du risque ainsi que de la charge fiscale et des éléments exceptionnels.

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