Selon l’Office Français de la Biodiversité, la biodiversité désigne l’ensemble des êtres vivants ainsi que les écosystèmes dans lesquels ils vivent. Ce terme comprend également les interactions des espèces entre elles et avec leurs milieux.

Les animaux, partie intégrante de cette biodiversité, sont aujourd’hui grandement menacés. Le rapport Planète Vivante 2022 du WWF constate une chute de 69 % en moyenne des populations de vertébrés – poissons, oiseaux, mammifères, amphibiens et reptiles – entre 1970 et 2018.

Si nous ne parvenons pas à limiter le réchauffement à 1,5 °C, le changement climatique deviendra la principale cause de perte de biodiversité au cours des prochaines décennies, devant l’artificialisation des sols et l’exploitation des ressources. Des 23 cibles adoptées par la COP 15 de Kunming-Montréal en 2022, visant à enrayer le déclin de la biodiversité d’ici 2030, la cible 8 vise à minimiser les impacts du changement climatique.

La Banque de France contribue à cette cible au travers de l’action 22 du plan stratégique Construire Ensemble 2024 « S’engager activement vers un objectif de neutralité carbone ». En ayant réduit de 23,6 % ses émissions de gaz à effet de serre entre 2019 et 2022, la Banque de France a également réduit son impact sur la biodiversité.

La liste rouge mondiale des espèces menacées

Le nouveau cadre stratégique de la COP 15 a fait de la protection des espèces menacées une cible prioritaire. L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a, quant à elle, établi un inventaire mondial de l‘état de conservation des espèces végétales et animales. Dénommée « Liste rouge mondiale des espèces menacées », c’est un indicateur privilégié pour atteindre la cible 4 fixée par la COP 15 (Gestion pour la conservation des espèces et de la diversité génétique) et suivre l’état de la biodiversité dans le monde.

Dans la dernière édition de la Liste rouge mondiale publiée en 2023 à l’occasion de la COP 28, sur les 157 190 espèces étudiées, 44 016 sont classées menacées.

Parmi ces espèces, 41 % des amphibiens, 12 % des oiseaux et 26 % des mammifères sont menacés d’extinction au niveau mondial. C’est également le cas pour 37 % des requins et raies, 36 % des coraux constructeurs de récifs.

Dans cet état des lieux, la France figure parmi les 10 pays hébergeant le plus grand nombre d’espèces menacées : au total, 2 268 espèces menacées au niveau mondial sont présentes sur son territoire, en métropole et en outre-mer.

Image Résultats pour la faune et la flore de métropole
Résultats pour la faune et la flore de métropole

Au travers de ses actions de mécénat, la Banque de France agit en faveur des espèces menacées. Souvent confondus avec des plantes, les coraux sont les animaux marins qui abritent 25 % de la biodiversité marine. Aujourd’hui, selon WWF, 2/3 d’entre eux sont grandement menacés par le changement climatique, la surexploitation et la pollution. En 2023, la Banque a financé l’association Coral Guardian qui agit pour le nettoyage et la restauration des coraux endommagés en Méditerranée afin de préserver leur capacité d’absorption et de rétablir la vie marine.

Les actions biodiversité à la Banque de France

Une étude récente du Forum économique mondial a considéré que l’homme était fortement dépendant des services rendus par la nature (nourriture, eau, chauffage, construction…). Ces services sont estimés à 44 000 milliards d’euros soit plus de la moitié du PIB mondial.

La Banque de France agit

La Banque de France a décidé d’agir en faisant de « l’usage durable des ressources et de la préservation de la nature » un objectif prioritaire de sa stratégie RSE.

  • La Banque de France a procédé en 2023 à un premier calcul de son empreinte biodiversité en tant qu’organisation, en complément du calcul d’empreinte biodiversité relatif à ses investissements financiers.
  • La biodiversité est prise en compte de manière croissante dans la démarche d’achats responsables de la Banque de France, lors des travaux immobiliers et de réaménagement des espaces verts, dans ses projets industriels ou encore dans sa politique de sobriété numérique.
  • La transition écologique constituant l’un des trois axes de sa politique de mécénat, la Banque de France soutient des associations de préservation de la biodiversité.
  • De nombreuses initiatives ont été soutenues pour sensibiliser les collaborateurs de la Banque parmi lesquelles la création de Jardins Laboratoires, l’installation d’un composteur à l’ACPR ou encore l’installation d’une cuve de récupération d’eau à Dijon.

Au titre de ses missions, la Banque de France réalise également de nombreuses actions relatives aux risques financiers liés à la perte de biodiversité, notamment dans le cadre de sa Stratégie d’investissement responsable mais aussi au sein de l’ACPR ou encore dans ses travaux avec le NGFS.

Enfin, la Banque de France a créé un réseau de coordination interne des initiatives liées à la biodiversité, le réseau Nature et Biodiversité. Celui-ci favorise la communication et le partage d’informations entre les unités travaillant sur des questions liées à la nature afin qu’elles puissent se coordonner et adopter une position commune mais aussi collaborer à certains travaux communs.

L’action publique en faveur de la biodiversité

Tous les ans, le 11 mai, est célébré la journée mondiale des espèces menacées. Cette journée a pour but de sensibiliser le monde scientifique et le grand public au constat inquiétant du nombre d’espèces menacées de disparition.

En France, plus de 1660 espèces sauvages sont classées dans les catégories CR (en danger critique), EN (en danger) ou VU (vulnérable) dans la liste rouge nationale établie selon les critères de l’UICN et considérées comme menacées de disparition. Environ la moitié concerne la métropole, l’autre moitié l’outre-mer. Une méthode de priorisation des espèces a été mise en oeuvre par le Muséum national d’Histoire naturelle, permettant d’aboutir à une liste de plus de 630 espèces de faune et de flore sauvages prioritaires pour l’action publique.

L’objectif des réglementations européenne et nationale relatives à la protection des espèces de faune et de flore sauvages est d’assurer le maintien ou le rétablissement dans un état de conservation favorable des espèces les plus menacées. L’état de conservation de certaines espèces nécessite des actions spécifiques pour restaurer leurs populations et leurs habitats.

Le plan national d’actions pour les espèces menacées (PNA) vise à :

  • organiser un suivi cohérent des populations de l’espèce ou des espèces concernées
  • mettre en oeuvre des actions coordonnées favorables à la restauration de ces espèces ou de leurs habitats
  • informer les acteurs concernés et le public
  • faciliter l’intégration de la protection des espèces dans les activités humaines et dans les politiques publiques.

L’importance de la biodiversité pour les banques centrales

Les risques économiques et financiers liés à la disparition des espèces

  • La nature et la biodiversité rendent des services structurants à l’économie…
    La biodiversité est importante pour les acteurs économiques et financiers car elle leur rend des services appelés « écosystémiques ». On en distingue plusieurs types :
    • Services d’approvisionnement en nourriture, matières premières, eau…
    • Services de régulation : maintien de la qualité de l’air ou de l’eau, contrôle de l’érosion, régulation climatique…
    • Services culturels : valeur symbolique / spirituelle, tourisme et activités récréatives
    • Services support soutenant toutes les fonctions écologiques : photosynthèse, protection des habitats…

La dégradation de la nature et la perte de biodiversité, qui résultent entre autres, de la surexploitation des ressources naturelles, du changement climatique ou de la pollution, réduisent d’autant la fourniture de ces services écosystémiques et vont peser de plus en plus lourd sur les acteurs économique

  • … et leur dégradation génère en contrepartie des risques que l’on appréhende progressivement
    La dégradation de la nature et la perte de biodiversité sont à l’origine de deux grandes catégories de risques :
    • Les risques physiques : ces risques sont directement liés au déclin des services écosystémiques (arrêt de la provision de biens naturels, dégradations dues à des catastrophes naturelles…).
    • Les risques de transition : ce sont les risques que courent les acteurs dont l’activité devra évoluer pour prendre en compte les changements visant à empêcher la dégradation de la nature ou à la restaurer (politiques publiques, lois, changement de préférences des consommateurs ou changements technologiques).
  • La dégradation de la nature va peser de plus en plus sur les acteurs économiques…
    La majorité des secteurs économiques est dépendante de la biodiversité et des services qu’elle fournit, et est donc soumise aux risques physiques liés à la perte de biodiversité. L’exposition des entreprises aux risques physiques liés à la nature expose également le secteur financier à ces mêmes risques. C’est déjà visible pour le système financier français : selon une étude menée par la Banque de France en 2021, 42 % du montant des actions et obligations détenues par des institutions financières françaises est émis par des entreprises qui sont fortement ou très fortement dépendantes d’au moins un service écosystémique.
     
  • … et en retour, les mesures accrues de protection de la nature créeront un risque de transition pour de nombreux acteurs
    De nombreux secteurs économiques ont un impact sur la nature et contribuent à sa dégradation. La Banque de France a réussi à évaluer que les activités économiques financées par les institutions financières françaises ont un impact comparable à la perte de 130 000 km² de nature vierge, ce qui correspond à l’artificialisation d’un quart de la surface de la France métropolitaine. Lorsque les décideurs publics mettent en place des mesures pour réduire cet impact, par exemple en interdisant certains pesticides ou en limitant la déforestation, ces secteurs sont exposés à un risque de transition de leur activité. Ce risque se transmet aux institutions qui financent ces secteurs. En considérant que l’impact des activités sur la biodiversité implique une potentielle vulnérabilité des acteurs économiques aux mesures de protection de la nature, on parvient à trouver une approximation du risque de transition pour les secteurs économiques et financiers.

Les banques centrales et les superviseurs ont donc tout intérêt à mieux comprendre l’exposition et la vulnérabilité du système financier aux événements liés à la perte de biodiversité et de nature. Cela permettrait d’inciter les acteurs financiers à réduire leur exposition à ces risques et donc leur impact sur la nature.

Les travaux de recherche sur la biodiversité à la Banque de France

La Banque de France contribue à améliorer la compréhension du lien entre finance et biodiversité à travers ses différents travaux de recherche. Ces travaux visent à fournir des recommandations aux banquiers centraux et superviseurs pour mieux évaluer les risques liés à la biodiversité, à produire une expertise sur les instruments financiers liés à la biodiversité et à mettre en lumière les défis méthodologiques impliqués par leur mesure. La Banque de France, en particulier, a travaillé à fournir un cadre analytique précis, à estimer les dépendances des institutions financières françaises aux services écosystémiques et leur exposition aux risques ou encore à suggérer des pistes de recherche pour l’avenir.

La Banque de France a ainsi notamment publié :

  • un document de travail « Un printemps silencieux pour le système financier ? » : publié en 2021, ce rapport a été l’un des exercices pionniers d’estimation par une banque centrale de ses dépendances à la biodiversité et de son impact sur cette dernière.
  • un document de travail «Who takes the land?» : publié en 2024, ce rapport étudie l’exposition et la vulnérabilité des acteurs économiques français à une politique de « zéro artificialisation nette » des sols visant à protéger la biodiversité.

Coordination internationale et biodiversité

Le rôle du NGFS

Un des enjeux pour le système financier est de mieux comprendre quelles formes prennent les risques liés à la perte de biodiversité, ainsi que la manière de les identifier et de les mesurer. C’est ce que la Banque de France essaie de faire au sein du Réseau des banques centrales et des superviseurs pour le verdissement du système financier (NGFS), qui regroupe aujourd’hui près de 140 banques centrales et superviseurs et dont elle assure le secrétariat.

En 2022, le NGFS a lancé une taskforce sur les risques liés à la nature et à la perte de biodiversité, dont la présidence est assurée par la Banque de France et la Banque des Pays-Bas. Cette taskforce joue le rôle d’un incubateur qui explore, développe et harmonise les réflexions et les efforts liés à la protection de la nature au sein du NGFS.

En 2023, la taskforce Nature du NGFS a été à l’origine de deux publications majeures :

Mise à jour le 21 Mai 2024