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L’utilisation des espèces en France et dans la zone euro

Les billets et les pièces demeurent le principal instrument de paiement en volume. Par ailleurs, leur fonction de réserve de valeur explique la demande soutenue de monnaie fiduciaire à des fins d’épargne de précaution.

Utilisation des espèces dans les transactions

Globalement, les billets et les pièces représentent plus de 50 % des transactions dans la plupart des pays de l’OCDE, avec toutefois des disparités importantes selon les pays.

Sur la base d’une enquête auprès des ménages, la BCE avait publié fin 2017 une première étude sur les habitudes de paiement des particuliers dans la zone euro. Les résultats de cette étude, intitulée « Study on the Use of Cash by Households in the euro area » (SUCH), montraient que les espèces étaient l’instrument de paiement le plus utilisé dans la zone euro. L’enquête sur les habitudes de paiement des ménages en zone euro (« Study on the payment attitudes of consumers in the euro area - SPACE ») a succédé à l’enquête SUCH et a été actualisée par la BCE en 2019.  Selon SPACE, les espèces restent, en 2019, le moyen de paiement le plus utilisé en France et dans l’Eurosystème, en magasin et entre particuliers : leur part s’établit à 59 % en France (73 % en zone euro) alors que les paiements par carte ne représentent que 35 % des transactions (24 % en zone euro).

Bien que la préférence croissante pour la carte bancaire, en particulier pour le sans contact, ait été accentuée par la pandémie de la Covid-19 et que l’usage transactionnel des espèces continue de décliner, les espèces restent le moyen de paiement privilégié, en nombre d’opérations de paiement, pour les achats du quotidien.

La Banque de France veille à l’accès aux espèces pour tous ainsi qu’au respect du cours légal (impossibilité pour un commerçant de refuser un paiement en espèces) au nom de la liberté de choix de l’instrument de paiement par le consommateur. 


Utilisation des espèces comme réserve de valeur


Au-delà de sa fonction de transaction, le billet exerce une fonction de réserve de valeur. Les billets émis par la zone euro ne seraient ainsi détenus qu’à environ 20 % pour un motif de transaction. La détention de liquidités répond davantage à un besoin de sécurité, les agents économiques faisant le choix de conserver de l’argent à des fins de précaution afin de se prémunir des aléas futurs, particulièrement en période d’incertitudes économiques ou de troubles politiques. Cette utilisation des espèces à des fins de thésaurisation est notamment portée par une demande internationale dynamique. En effet, la BCE estime à environ 40 % la part en valeur des billets en euros détenus hors zone euro (Source BCE, « The paradox of banknotes: understanding the demand for cash beyond transactional use », ECB Economic Bulletin, Issue 2/2021, en anglais).  Les 40 % restant correspondent à la thésaurisation domestique, c’est-à-dire au sein de la zone euro.

Accès du public aux espèces en France métropolitaine

Le contexte des usages des moyens de paiement en France est fortement évolutif. La France se distingue par une forte utilisation des moyens de paiement scripturaux. La part des billets et des pièces dans les transactions décline, la carte bancaire (la moitié des paiements scripturaux en France) progresse plus vite que celle des autres moyens de paiements (espèces, chèques, virements ou prélèvements),  les paiements sans contact connaissent une forte croissance.

En 2020, la crise sanitaire a accéléré - sans doute durablement - les changements des habitudes de paiement observées en France et en zone euro. Afin d’analyser « à chaud » la portée de la pandémie sur le sujet, la BCE a mené en ligne une enquête plus courte en juillet 2020.  La crise sanitaire semble avoir accéléré le déclin de l’usage transactionnel des espèces – neuf points de baisse entre 2016 et 2019 – au profit des paiements électroniques. Si tous les moyens de paiement sont restés disponibles pendant la crise de la Covid, la pandémie semble avoir accéléré  les transformations du paysage des moyens de paiement en France :

  • l’usage de la carte continue à progresser, sous l’effet de la croissance des règlements sans contact ;
  • l’utilisation du chèque – dont la gestion des encaissements a été rendue particulièrement difficile en période de confinement – chute de manière continue depuis le début des années 2000 ;
  • l’usage des autres moyens de paiement est stable, les virements étant privilégiés pour les paiements les plus élevés alors que les paiements mobiles et les virements instantanés restent marginaux.

L’état des lieux de l’accès aux espèces en France en 2021, publié le 18/07/2022 et accessible sur Banque-France.fr, confirme le maintien à un très bon niveau de l’accessibilité aux billets sur le territoire. 

Fin 2021, la France métropolitaine compte 47 853 DAB. Ce nombre a diminué de façon limitée, de 2,0 % par rapport à fin 2020, tandis que le nombre de points d’accès privatifs a progressé de 3,2 % pour atteindre 25 949 points. Le maillage du territoire reste globalement inchangé d’une année sur l’autre, avec un niveau de service stable à un haut niveau.

Près de 99 % de la population métropolitaine âgée de 15 ans et plus réside soit dans une commune équipée d’au moins un automate, soit dans une commune située à moins de quinze minutes en voiture de la commune équipée la plus proche. 

La robustesse des circuits d’alimentation du territoire en billets a été démontrée lors de la crise sanitaire, le bon approvisionnement des distributeurs a permis à chacun de conserver la liberté de régler ses achats en espèces.

L’utilisation des espèces par les entreprises

En 2022, la Banque centrale européenne (BCE) a réalisé une enquête portant sur l’usage des espèces par les entreprises dans la zone euro (BCE, « Use of cash by companies in the euro area », octobre 2022, en anglais). L’objectif de cette enquête est de mettre en lumière les comportements et la perception, présents et futurs, que les professionnels ont vis-à-vis des espèces en comparaison des autres moyens de paiement.

Les résultats de cette enquête montrent que les espèces sont encore largement acceptées dans les entreprises et commerces de la zone euro. Cela reste un moyen de paiement pertinent puisque plus de 90 % des entreprises qui acceptent les espèces aujourd’hui prévoient de continuer à le faire dans le futur. En France, 95 % des entreprises acceptent les espèces et 99 % d’entre elles projettent de continuer à le faire dans les années à venir.

La carte bancaire apparaît comme le moyen de paiement préféré des entreprises, tandis que seule une minorité privilégie d’autres méthodes de paiement comme le débit direct ou le paiement mobile.

La sécurité et la fiabilité sont les critères les plus importants pour les entreprises lorsqu’elles décident d’accepter un moyen de paiement. De ce point de vue, les espèces sont perçues comme ayant de bonnes performances en termes de coûts, de vitesse de transaction ou de fiabilité.

 

Enfin, la grande majorité des entreprises dépose ses espèces directement à la banque via des automates ou au guichet. En revanche, seule une partie des entreprises retire des espèces à la banque pour s’assurer d’avoir un fond de caisse suffisant. En France, 65 % des entreprises effectuent des dépôts contre seulement 23 % qui réalisent des retraits.


 

Mis à jour le : 18/10/2022 16:25