Bulletin de la Banque de France

Le système financier de la zone euro après la crise : une mise en perspective (1999-2018)

Mise en ligne le 23 Décembre 2019
Auteurs : François Mouriaux, Mylène Sabatini, Vivien Levy-Garboua

Bulletin n°226, article 8. Les investisseurs non résidents proviennent pour 44,2 % de la zone euro, et pour 33 % des États-Unis. Comment a évolué le système financier de la zone euro depuis la crise financière de 2007 2008 ? S’est-il renforcé ou fragilisé ? Cet article dresse un état des lieux et met en perspective les principaux changements survenus depuis 2007. Il s’interroge notamment sur le rôle joué par un acteur atypique du secteur financier non bancaire, les institutions captives, et à travers elles les sociétés non financières (SNF). Ainsi, les stratégies d’optimisation et d’internationalisation des SNF pourraient avoir eu une influence déterminante dans l’évolution du secteur financier. En revanche, les banques traditionnelles n’ont joué qu’un rôle de second ordre dans ce développement depuis la crise.

Image Composition du secteur financier de la zone euro Description Le graphique présente la composition du secteur financier de la zone euro de 1999 à 2018, en employant trois critères : 1. secteur non bancaire ; 2. banques centrales de l'Eurosystème ; 3. banques et OPC monétaires. Source : Banque centrale européenne, Quarterly Sector Accounts et Balance Sheet Items pour les avoirs de l'Eurosystème (cf. annexe pour les différences méthodologiques entre ces deux bases). Chiffres clés : +25020 milliards d'euros : la hausse de l'encours du secteur financier en dix ans. +14 points de pourcentage : l'augmentation de la part du secteur non bancaire au sein du secteur financier depuis 2008. 50% : la part du secteur des autres intermédiaires et auxiliaires financiers, prêteurs non institutionnels et institutions captives au sein du secteur non bancaire. 77% : la concentration des actifs de ce secteur dans trois pays : Luxembourg, Pays-Bas et Irlande.  

1. Le secteur financier de la zone euro a continué à se développer à un rythme soutenu après la crise financière de 2007-2008

Les avoirs du secteur financier de la zone euro ont continué de croître à un rythme soutenu après la crise financière mondiale, notamment jusqu’en 2016. Au cours de la période 2009-2018, ils ont en effet augmenté en moyenne de 4 % par an, certes en décélération relativement aux 8 % par an en moyenne sur la période 1999-2008.

À la fin de l’année 2018, les avoirs détenus par le secteur financier de la zone euro s’élevaient à 78 656 milliards d’euros, soit 680 % du PIB 3 de la zone euro, contre 556 % du PIB en 2008 (cf. tableau 1 et encadré 1). Ce ratio était de 406 % en 1999.

Le développement du secteur financier n’est pas un phénomène propre à la zone euro, qui se place dans une situation intermédiaire entre le Japon (qui voit son secteur financier croître plus rapidement en points de PIB) et les États-Unis (dont le secteur financier a crû moins vite en points de PIB). Ainsi, les actifs du secteur financier aux États-Unis et au Japon s’élevaient à, respectivement, 509 % et 735 % du PIB à la fin de l’année 2017, à 468 % et 552 % du PIB à la fin de l’année 2008, et à 394 % et 583 % du PIB à la fin de l’année 1999.

2. Le secteur financier non bancaire, acteur central du secteur financier de la zone euro

La part du secteur bancaire a fortement diminué

Au sein du secteur financier, la part relative du secteur bancaire (organismes de placement collectif, OPC, monétaires inclus), qui s’était légèrement effritée avant 2007, a nettement diminué depuis la crise financière mondiale (cf. graphique 1) 5. On en mesure la réalité en observant que, depuis 2012, les transactions financières 6 annuelles du secteur bancaire (OPC monétaires inclus) ont été inférieures ou égales à 5 % du PIB, alors qu’elles ont été proches de 40 % du PIB en 2007, et égales ou supérieures à 20 % du PIB au cours des trois années précédentes (cf. graphique 2 infra). Cette diminution peut être rapprochée de la baisse d’activité sur le marché interbancaire avec des contreparties non résidentes, et des réglementations post-crise ayant conduit les banques à cantonner et restreindre les opérations sur titres pour compte propre.

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