L’objectif principal de la politique monétaire est la stabilité des prix. Pour l’atteindre, la banque centrale dispose de différents outils. Le plus traditionnel est le taux directeur : le taux d’intérêt auquel elle prête aux banques
commerciales.
Pour contenir l’inflation, la banque centrale augmente son taux directeur. Si elle souhaite que les prix augmentent, elle baisse son taux directeur.
Mais comment la décision de la banque centrale se transmet-elle à l’économie ? Les mécanismes qui interviennent entre l’action de la banque centrale et les effets de cette action sur les prix s’appellent les mécanismes de « transmission de la politique monétaire ». Il existe 4 « canaux de transmission » :
- Le canal des taux d’intérêt permet d’influer sur les taux d’intérêt de l’économie, notamment ceux des crédits bancaires. Lorsque la banque centrale augmente son taux directeur, les banques commerciales répercutent cette augmentation sur les taux d’intérêt des crédits qu’elles accordent à leurs clients. Le coût de l’emprunt s’accroissant, les agents économiques empruntent moins, ce qui freine leur consommation et leurs investissements. L’activité économique ralentit, l’inflation diminue. À l’inverse, lorsque la banque centrale baisse son taux directeur, le coût de l’emprunt diminue, les agents économiques empruntent davantage, ce qui accroît leur consommation et leurs investissements.
L’activité économique accélère, l’inflation augmente.
- Le canal des anticipations permet, grâce à une action claire et crédible de la banque centrale, d’aider les entreprises et les ménages à anticiper correctement les évolutions futures des taux d’intérêt et à adapter en conséquence leurs décisions en matière de prix et de salaires futurs. Par exemple, lorsque les ménages prévoient une hausse de l’inflation via une baisse anticipée du taux directeur, ils peuvent décider d’avancer leur consommation et de négocier une augmentation salariale pour préserver leur pouvoir d’achat. À l’inverse, s’ils anticipent une hausse du taux directeur et s’attendent à une baisse des prix, ils retarderont certaines dépenses et ne négocieront pas nécessairement de hausse de salaire.
- Le canal des prix d’actifs consiste en l’effet d’une variation des taux d’intérêt sur le prix de certains actifs. Par exemple, une baisse du taux directeur rend les produits financiers dont l’évolution est liée aux taux d’intérêt – comme les obligations – moins attractifs. Les investisseurs vont alors se rabattre sur d’autres actifs, comme les actions, dont le cours va alors monter. Les détenteurs de ce type de titres financiers vont donc voir leur richesse s’accroitre, ce qui les pousse à augmenter leur consommation.
- Enfin, la politique monétaire peut se transmettre en empruntant le canal du taux de change. Le taux de change, c’est le prix d’une monnaie par rapport aux monnaies étrangères. Dans le cas d’une baisse du taux directeur, donc des taux d’intérêt, les dépôts dans cette monnaie deviennent moins attractifs pour les investisseurs étrangers, entraînant des sorties de capitaux et une baisse du taux de change. Le prix des biens et produits importés augmente alors que les biens et services exportés deviennent plus attrayants sur les marchés étrangers, ce qui contribue à augmenter leur prix. Ensemble, ces effets tendent à accroitre l’inflation.
La transmission des effets de la politique monétaire à l’économie par ces quatre canaux n’est pas
immédiate, et peut prendre plusieurs mois (cf. COMPRENDRE). En raison de ces « délais de transmission », la banque centrale doit mener sa politique sur le moyen terme.