Jusqu’à la crise financière de 2008, l’attention des régulateurs financiers portait principalement sur la surveillance individuelle des acteurs (surveillance microprudentielle), sans prendre suffisamment en compte l’exposition du système financier dans son ensemble à des risques systémiques (surveillance macroprudentielle).
Ce constat a conduit à renforcer considérablement l’encadrement des acteurs et des activités financières à travers le monde. En Europe, sur proposition de Jacques de Larosière, gouverneur honoraire de la Banque de France, le législateur a mis en place, le 24 novembre 2010, le système européen de surveillance financière (SESF). Celui-ci comprend notamment le Comité européen du risque systémique (European Systemic Risk Board – ESRB) ainsi que les autorités macroprudentielles nationales. L’ESRB est chargé d’assurer la « surveillance macroprudentielle du système financier de l’Union [européenne] dans le but de contribuer à la prévention ou à l’atténuation des risques systémiques pour la stabilité financière de l’Union ». La composition large de l’ESRB assure une approche transversale de l’identification des risques systémiques, avec notamment la présence des banques centrales nationales et des autorités sectorielles de supervision.
En quinze ans, les réalisations de l’ESRB ont été importantes dans plusieurs domaines (Rehn et al., 2024). Il a en particulier mis en place un cadre commun pour la politique macroprudentielle en Europe et a fait usage des instruments de droit souple à sa disposition.
L’ESRB fait désormais face à de nouveaux défis qui conduisent à faire évoluer ses missions. Parmi ceux-ci figurent le rôle croissant de la Banque centrale européenne (BCE) depuis la création du Mécanisme de supervision unique des banques, ainsi que les effets du Brexit. Par ailleurs, il est nécessaire d’identifier les risques le plus en amont possible avec des tests de résistance à l’échelle de l’ensemble du secteur financier. Enfin, il est indispensable de simplifier la prévention des risques systémiques et de renforcer son efficacité (Villeroy de Galhau, 2025).
1 L’ESRB a été créé pour coordonner la surveillance macroprudentielle européenne
La crise financière de 2008 a révélé d’importantes lacunes dans le dispositif de supervision financière. Il ne prenait pas suffisamment en compte le « risque systémique », c’est-à-dire le risque que des perturbations affectent la stabilité de l’ensemble du système financier. C’est pourquoi les dirigeants du G20 se sont engagés, lors du sommet de Londres en avril 2009, à adopter un cadre de supervision macroprudentielle ayant pour but de contribuer à la prévention ou à l’atténuation du risque systémique. …