La parole à

La parole à Olivier Garnier : « Les perspectives de croissance en France résistent mais sont entourées de larges incertitudes tant sur le plan international que national »

Published on the 29th of September 2025
Olivier Garnier

Chaque mois, un expert de la Banque de France est interviewé dans le cadre de notre newsletter LinkedIn. Pour le numéro de septembre 2025, Olivier Garnier, Directeur Général en charge des Statistiques, des Études et de l’International, revient sur les dernières projections macro-économiques publiées par la Banque de France.

1. La Banque de France vient de publier ses dernières projections macroéconomiques. Quels en sont les principaux enseignements en matière d’inflation, de croissance et de pouvoir d’achat en France à court-moyen terme ? 

Deux grands enseignements peuvent être tirés.

Tout d’abord, la confirmation de la victoire contre l’inflation avec une hausse des prix à la consommation qui resterait en France inférieure à 2% d’ici à 2027. Cette faible inflation va redonner du pouvoir d’achat aux salariés, et donc soutenir le raffermissement de la consommation.

Ensuite, des perspectives de croissance qui résistent mais qui sont entourées de larges incertitudes tant sur le plan international que national.

2. Comment  les prévisions de la Banque de France intègrent-elles les incertitudes, notamment sur les droits de douane américains et sur la politique budgétaire française ? 

À la suite de l’accord commercial passé fin juillet entre les États-Unis et l’Union européenne, l’incertitude a un peu diminué dans ce domaine. Ceci étant dit, le niveau moyen de droits de douane appliqué aux exportations vers les États-Unis va passer de moins de 2% en début d’année à près de 12% aujourd’hui. A ce choc s’ajoute l’appréciation du taux de change de l’euro, dont les effets sont aussi pris en compte dans nos projections.

Sur le plan national, en l’absence de projet de loi de finances, nous avons retenu la convention d’une politique budgétaire inchangée par rapport à nos hypothèses de juin dernier, avec un déficit public de 5,4% du PIB en 2025, et des mesures d’ajustement permettant de réduire le déficit hors intérêts d’environ 0,6 point de PIB en 2026 et de 0,4 point de PIB supplémentaire en 2027. Une moindre consolidation budgétaire que celle que nous avons supposée n’entrainerait pas pour autant un surcroit de croissance, car l’incertitude fiscale prolongée se traduirait par des comportements plus attentistes des ménages et des entreprises.

3. Comment les perspectives de croissance et d’inflation en France se comparent-elles à celles de ses partenaires de la zone euro ?

En 2024, la croissance française avait été supérieure à celle de l’ensemble de la zone euro (1,1% contre 0,8%) et cela serait l’inverse en 2025 (0,7% contre 1,2%). En 2026 et 2027, les trajectoires de croissance seraient assez similaires mais légèrement plus élevées dans l’ensemble de la zone euro, du fait notamment du plan de relance allemand.

L’inflation dans l’ensemble de la zone euro serait quant à elle voisine de l’objectif de 2% de la Banque centrale européenne pendant la période 2025 à 2027, et donc un peu au-dessus de celle de la France. Ceci s’explique d’abord par la forte baisse des tarifs d’électricité appliquée en France au début de cette année. Ensuite, chez nombre de nos partenaires, le marché du travail reste plus tendu qu’en France, ce qui entraine des hausses nominales de salaire supérieures : le taux de chômage en zone euro demeurerait sensiblement en-dessous de 6,5% (il est même inférieur à 4% en Allemagne et aux Pays-Bas), à comparer à environ 7,5% en France. Ces moindres augmentations des salaires et des prix pourraient à terme nous permettre d’améliorer notre compétitivité au sein de la zone euro.

Retrouvez en détail les Projections macroéconomiques intermédiaires – Septembre 2025

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Updated on the 28th of October 2025