1. Le taux d’épargne se maintient à un niveau élevé. À quoi sert cette épargne ? Que finance-t-elle ? Rappelons que le taux d’épargne est la part du revenu disponible brut (ou RDB) qui n’est pas «consommée».
De 2000 à 2019, le taux d’épargne des ménages français est resté stable, à environ 14,5 % du RDB. En 2020, les confinements de la crise Covid entrainant une épargne forcée, le taux d’épargne a dépassé 20 %. Depuis, il demeure supérieur de plus de 3 points de pourcentage à son niveau de 2019. L’incertitude liée au contexte économique et géopolitique a pu pousser les ménages à épargner davantage, mais la hausse des revenus financiers ou la volonté de maintenir le pouvoir d’achat de son patrimoine ont également joué un rôle important.
Le patrimoine global des ménages français est constitué à plus de 60 % de constructions et terrains. Le patrimoine financier représente lui près de 6 400 milliards d’euros, répartis entre dépôts bancaires (33 %, dont l’épargne réglementée), autres placements en produits de taux (27 %, dont l’assurance-vie en euros) et fonds propres (38 %, dont actions).
L’épargne réglementée, liquide et sans risque de perte en capital est en partie centralisée par la Caisse des Dépôts et Consignations et utilisée pour financer le logement social et la transition énergétique. Les fonds non centralisés permettent aux banques d’accorder des crédits aux PME, mais également à la transition énergétique et à l’économie sociale et solidaire.
L’assurance-vie en euros et les autres produits obligataires financent les emprunts publics et les titres de dette des entreprises, quand les produits de fonds propres (les actions), dont les rendements sont plus volatils, permettent aux entreprises de renforcer leur capital.
En résumé, l’épargne financière des ménages français, au-delà de sa fonction de précaution ou de placement, est un levier puissant de financement de l’économie réelle.
2. Alors que le Rapport sur l’épargne réglementée 2024 a été publié le 17 juillet 2025, pourriez-vous nous rappeler ce que désigne l’épargne réglementée et comment elle a évolué au cours des dernières années ?
L’épargne réglementée regroupe des produits d’épargne encadrés par l’État, tels que le Livret A, le Livret de développement durable et solidaire (LDDS), le Livret d’épargne populaire (LEP) et le Plan d’épargne logement (PEL). Ils bénéficient d’une rémunération fixée par les pouvoirs publics, d’une fiscalité avantageuse (intérêts exonérés d’impôt), d’une liquidité élevée et d’une sécurité du capital.
Depuis 2020, l’épargne réglementée a connu une forte dynamique. Fin 2024, son encours atteignait 956 milliards d’euros. Le LEP a particulièrement progressé ces dernières années, avec désormais près de 12 millions de livrets. Le Livret A est le produit-phare avec 58 millions de détenteurs. En revanche, le PEL poursuit sa décrue, avec une baisse de 12 % de son encours, retrouvant peut-être ainsi sa vocation d’origine d’aide au financement de la résidence principale et non de simple support d’épargne.
Cette évolution de l’épargne réglementée s’explique par des taux de rémunération attractifs, spécialement pour le LEP qui est le livret destiné à protéger l’épargne populaire. Elle constitue ainsi une ressource fiable pour financer des projets d’intérêt général.
3. Quel est le rôle de la Banque de France concernant l’épargne réglementée ?
La Banque de France assure la transparence de l’épargne réglementée. Elle collecte et analyse des données détaillées sur ses détenteurs, les flux, les encours et leurs évolutions et publie chaque année le « Rapport Annuel de l’Épargne Réglementée ». La Banque de France est également en charge du calcul des taux de rémunération de ces produits, selon des formules réglementaires propres à chacun. Le gouverneur peut proposer au Ministre des Finances d’ajuster le résultat s’il l’estime justifié. Ce fut le cas notamment pour le taux du LEP auquel le gouverneur a souhaité, depuis août 2024, donner un « coup de pouce » afin d’encourager la détention de ce livret destiné aux ménages modestes.