L’inflation des prix à la consommation dans la zone euro s’est brutalement renforcée fin 2021, culminant à plus de 10 % en octobre 2022 par rapport à octobre 2021, avant de refluer graduellement et de s’établir un peu au-dessus de 2 % en 2024. Cette forte hausse des prix a été d’autant plus ressentie par les ménages qu’elle portait sur les achats du quotidien comme l’essence, en 2021 et 2022, puis les produits alimentaires, entre 2022 et 2023 (cf. Aldama et al., 2024, et Bignon et Gautier, 2025). Dans le cas des prix des produits alimentaires, les prix internationaux des matières premières ont d’abord connu, en 2021, une hausse rapide et forte, qui s’est peu à peu transmise aux prix à la production, puis aux prix à la consommation (cf. graphique 1 et aussi Perrot et al., 2022). Ainsi, début 2023, la hausse sur un an des prix de l’alimentation dans la zone euro a atteint un maximum, à près de 18 % (contre moins de 2 % en moyenne par an sur les 25 dernières années). Sous l’effet d’une détente sur les prix internationaux, les prix des produits alimentaires se sont ensuite stabilisés en 2023, leur hausse sur un an restant contenue à 1,5 % fin 2024.
Afin de suivre au plus près l’évolution des prix des produits alimentaires, la Banque centrale européenne (BCE), en lien avec les banques centrales de l’Eurosystème, a mis en place un outil « Daily Price Dataset » (DPD, données quotidiennes de prix) collectant, chaque jour, des milliers de prix dans les supermarchés de la zone euro à partir de techniques de moissonnage de données sur internet (« web scraping »). Mis en place en avril 2022, cet outil a permis de collecter plusieurs millions de prix de près de 100 000 produits alimentaires vendus couramment dans plusieurs supermarchés des quatre plus grandes économies de la zone euro (Allemagne, France, Italie et Espagne). Ce suivi en temps réel des prix de l’alimentation présente plusieurs intérêts pour l’analyse de l’inflation. Au-delà du fait que les prix des produits alimentaires sont particulièrement suivis par les ménages, l’alimentation représente près de 20 % du panier de consommation des ménages dans la zone euro et l’évolution des prix de ces produits peut contribuer substantiellement à l’inflation d’ensemble. …