Les multiples canaux d'ajustement des entreprises aux chocs énergétiques : L'exemple de la France
Document de travail n°929. Sur la base de données au niveau des entreprises du secteur manufacturier français, nous constatons que les entreprises s'adaptent rapidement, fortement et par de multiples canaux aux chocs énergétiques, même si les factures d'électricité et de gaz ne représentent qu'une petite partie de leurs coûts totaux. Sur la période 1996-2019, face à une augmentation idiosyncratique du prix de l'énergie, les entreprises réduisent leur demande d'énergie, améliorent leur efficacité énergétique, augmentent les importations d'intrants intermédiaires et optimisent l'utilisation de l'énergie de leurs unités de production. Les entreprises sont également en mesure de répercuter entièrement le choc des coûts sur leurs prix à l'exportation. Leur production, leurs exportations et l'emploi diminuent en conséquence. Ces multiples mécanismes d'ajustement font que la baisse des profits est soit non significative, soit faible, soit spécifique aux seules entreprises les plus intensives en énergie. Nous constatons également que l'impact des chocs de prix de l'électricité s'est affaibli au fil du temps, ce qui suggère que l’adaptation au choc était plus facile en début de période et que seules les entreprises capables de s’adapter aux chocs de coût de l’énergie ont survécu. On relève enfin que, confrontées à de fortes augmentations des prix de l'électricité et du gaz, les entreprises sont moins capables de réduire leur consommation à hauteur de la hausse des prix. Ces résultats mettent en lumière les mécanismes de résilience du secteur manufacturier européen dans le contexte de la crise énergétique actuelle.