Panorama mis à jour le 6 mai 2024
Sauf mention contraire, toutes les statistiques présentées ci-après se basent sur une collecte mensuelle auprès de la totalité du système bancaire, couvrant les prêts ayant fait l’objet d’une signature irrévocable par le prêteur et l’emprunteur en cours de mois.
Au 1er trimestre 2024, la production de crédits à l’habitat (hors renégociations) continue de pâtir de la faiblesse de la demande des ménages
Après une nette baisse l’année dernière, la production de crédits à l’habitat n’a pas encore rebondi au premier trimestre 2024. Celle-ci a continué d’évoluer à un niveau proche de celui observé avant la période de taux d’intérêt extrêmement bas (cf. G1, G1bis), étant toujours pénalisée par une demande de crédits orientée à la baisse (cf. G1ter) dans un contexte où le coût du crédit et les prix immobiliers nominaux sont encore élevés malgré de premières baisses observées (cf. G2bis).
Parallèlement, la croissance des encours de crédits à l’habitat a poursuivi son ralentissement, ces derniers revenant en mars 2024 à leur niveau d’il y a un an (cf. G2).
Des signaux encourageants, comme la baisse amorcée des taux d’intérêt (voir p3) et le nombre de consultations du Fichier des incidents de paiement des particuliers -préalable indispensable à l’octroi d’un crédit à l’habitat par une banque- laissent entrevoir une reprise prochaine de la production de crédits.
En mars, la baisse des taux d’intérêt des crédits à l’habitat se confirme
Après deux années de hausses ininterrompues jusqu’au début de l’année 2024, le taux d’intérêt moyen, hors frais et assurances, des nouveaux crédits à l’habitat (hors renégociations) est en nette baisse en mars, de 17 points de base (3,94 % après 4,11%), et poursuit le repli entamé en février en repassant sous les 4% (cf. G3).
Rapportée au PIB, la production de crédits à l’habitat demeure en France supérieure à celle de la moyenne de la zone euro
Le ralentissement du crédit à l’habitat n’est pas propre à la France, il est également observé chez nos voisins européens. Les niveaux actuels de production se situent partout sensiblement en deçà de ceux observés avant 2023 (cf. G4 et G4ter). Exprimé en % du PIB, la production demeure néanmoins en France (4 %) un peu supérieure à celle de la moyenne de la zone euro (3% ; cf. G4bis).
*Dans ce graphique, la production de la France en 2022 (235Mds€) est plus élevé que celle des particuliers-France (218Mds€, cf. G1bis) pour deux raisons : d’une part il s’agit ici du périmètre « ménages » (en plus des particuliers sont ajoutés les entrepreneurs individuels et les ISBLSM) et, d’autre part, il s’agit des crédits octroyés aux ménages résidents de la zone euro et non pas aux seuls ménages résidents dans chacun des pays.
Dans ce contexte, le taux de croissance annuel des encours continue de se modérer en zone euro au 1er trimestre 2024 reflétant la baisse observée de la production de nouveaux crédits (cf. G4 quarter). La dette globale des ménages rapportée au PIB a légèrement diminué début 2024 en France, comme ailleurs en zone euro, mais son niveau dans l’Hexagone continue de dépasser sensiblement celui de nos principaux voisins européens (cf. G5quinquies).
Les taux d’intérêt des crédits nouveaux, qui sont remontés moins vite en France depuis 2022, ont rattrapé progressivement les taux observés chez certains de nos voisins européens fin 2023 (cf. G5). Depuis le début de l’année, une inflexion à la baisse est visible en zone euro.
La production de nouveaux crédits à l’habitat à taux fixe continue à représenter la grande majorité des prêts accordés aux ménages, en particulier en France, où la part des crédits à taux variable reste sensiblement inférieure à la moyenne de la zone euro (4% contre 17 % en mars 2024 ; cf. G5bis).
Une estimation du pouvoir d’achat immobilier des ménages qui montre une stabilité au 4ème trimestre 2023 après une longue période de repli
Le pouvoir d’achat immobilier des ménages est mesuré ci-dessous comme le nombre de m² pouvant être acquis par un ménage disposant d'un revenu moyen* et empruntant au maximum de sa capacité.
En 2023, le pouvoir d’achat immobilier des ménages a continué de diminuer à un rythme qui s’est toutefois modéré au 3ème trimestre. Le recul amorcé des prix immobiliers en 2023 (-1,1% au 3ème trimestre par rapport au trimestre précédent, après -0,8% au 2ème trimestre) redonne progressivement du pouvoir d’achat immobilier aux ménages ; la progression de leurs revenus a par ailleurs permis de compenser presque la moitié de l’impact de la hausse des taux d’intérêt depuis fin 2021.
Les primo-accédants et les ménages moins aisés (gagnant moins de 3 SMIC) demeurent les principaux bénéficiaires des nouveaux crédits à l’habitat
Des indicateurs complémentaires montrent que malgré la baisse de la production toutes les catégories de ménages continuent à recourir au crédit à l’habitat. La part de primo-accédants pour l’achat d’une résidence principale représente plus de la moitié de la production (cf. G7) et la part des ménages les moins aisés (dont les revenus nets représentent moins de 3 fois le SMIC) continue de représenter plus de la moitié des emprunteurs (cf. G10).
La part des prêts relais dans la production de crédit (hors renégociations), après avoir progressé régulièrement entre 2018 et 2022, évolue depuis entre 6 et 8 % (cf. G8).
