Rapport

Rapport annuel de la Banque de France 2022 - Chiffres clés

3 Avril 2023
Banque de France (c) Jolivel

L’année 2022 a été marquée par la guerre en Ukraine et ses répercussions en Europe, qui ont affecté l’ensemble de l’économie et provoqué beaucoup d’incertitudes. À peine sorti de la crise Covid, notre pays a fait preuve d’une forte résilience, avec une croissance atteignant 2,6% et un taux de chômage ramené à 7,2%. Mais la dette publique de la France représente 112% du PIB et l’inflation s’est élevée en moyenne à 5,9%. Face à cette situation contrastée, et dans le contexte d’inquiétude écologique et de préoccupations sociales, quelle a été l'action de la Banque de France ?

Quelle a été la mission de la Banque de France ?

Normaliser la politique monétaire pour revenir à la stabilité des prix

L’année 2022 a été marquée par une accélération forte de l’inflation, déclenchée par la conjonction de deux facteurs principaux : les difficultés d’approvisionnement à la suite de la pandémie de Covid-19 ainsi que la guerre en Ukraine.

La hausse des prix a été de + 5,9 % en France sur l’année, à un niveau inférieur au reste de la zone euro (+ 8,4 %). Phénomène mondial tiré au départ par les prix de l’énergie, l’inflation s’est diffusée à l’ensemble de l’économie nationale : l’inflation sous-jacente – qui exclut l’alimentation et l’énergie – s’est élevée en 2022 à + 3,9 % pour la zone euro.

La lutte contre l’inflation, pour la ramener au niveau de 2 %, est l’objectif premier du mandat de la Banque de France. Ainsi, la politique monétaire s’est normalisée avec le retrait progressif des mesures de soutien dites non conventionnelles, comme l’arrêt des achats nets effectués dans le cadre des programmes d’achats d’actifs (PEPP et APP), ou un recalibrage des opérations de refinancement à plus long terme (TLTRO).

Quatre hausses de taux directeurs sont intervenues depuis juillet 2022. Malgré la normalisation monétaire, l’activité a bien résisté en 2022, avec une croissance du PIB de + 2,6 % en 2022. Après avoir été exceptionnellement favorables depuis 2015, les conditions de financement de l’économie se sont rapprochées de leurs moyennes historiques : le taux d’intérêt moyen des nouveaux crédits à l’habitat des ménages a atteint + 2,05 % en décembre 2022.

Le taux d’endettement des entreprises a toutefois augmenté d’environ 83 milliards d’euros sur l’année. La monnaie prend de nouvelles formes : outre les billets – dont la Banque de France est toujours le premier imprimeur, avec plus d’un milliard de coupures –, la création d’un euro numérique est en phase d’investigation jusqu’à la fin de l’année 2023. La monnaie numérique de banque centrale pourrait ainsi renforcer l’efficacité économique et l’autonomie stratégique du continent européen.

Conforter la résilience du système financier français

Le secteur financier français a absorbé les chocs liés à la guerre en Ukraine et a prouvé sa robustesse : les sanctions européennes envers la Russie ont été bien appliquées, et les six principaux groupes bancaires français conservent un ratio de solvabilité moyen élevé, à hauteur de 14,9 % en décembre 2022. Compte tenu des risques induits en matière de stabilité financière, la Banque de France et l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) ont renforcé leur surveillance des expositions des acteurs financiers français sur les marchés de l’énergie et à l’égard du risque cyber, qui s’est accentué en 2022.

En 2022, les marchés financiers ont affiché une forte volatilité, en réaction à la remontée des taux d’intérêt et aux incertitudes. De nouvelles mesures macroprudentielles ont été mises en place pour compenser l’accroissement des risques cycliques, notamment avec l’encadrement par le Haut Conseil de stabilité financière (HCSF) des conditions d’octroi du crédit à l’habitat, devenues plus contraignantes en janvier 2022.

La Banque de France contribue aux réponses qu’appellent les changements structurels du système financier. Elle promeut une réglementation, coordonnée au niveau international, du marché des cryptoactifs ; l’Union européenne s’est notamment dotée d’un texte réglementaire (Markets in Crypto-Assets, MiCA) sur le sujet, qui devrait entrer en application dès 2024.

La Banque de France et l’ACPR portent une attention accrue aux risques liés au changement climatique, ainsi qu’à la supervision des informations environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) publiées par les institutions financières. Créé à l’initiative de la Banque de France avec sept autres banques centrales en 2017, le Réseau des banques centrales et des superviseurs pour le verdissement du système financier (NGFS) compte aujourd’hui 140 membres et observateurs.

La surveillance des pratiques de marché, à des fins de protection de la clientèle, a permis de contrôler le respect du plafonnement des frais bancaires ou le libre choix d’assurance emprunteur pour un crédit immobilier. L’ACPR a poursuivi sa lutte contre les escroqueries et usurpations d’identité de professionnels du secteur financier, en recrudescence en 2022.

La Banque de France au plus près des ménages et des entreprises

La Banque de France élargit ses services aux entreprises, avec notamment une échelle de cotation plus précise, ainsi que la mise à disposition d’outils enrichis (outil de positionnement et d’analyse en ligne des entreprises – OPALE –, analyse conjoncturelle et structurelle économique locale – ACSEL).

En 2022, 8 779 entrepreneurs ont été aidés par les 102 correspondants TPE-PME départementaux et quelque 1 000 start-up ont été accompagnées dans leur recherche de financement. Les demandes de médiation, en diminution de 45 % par rapport à 2021, sont le signe d’un accès plus facile au crédit.

La Banque de France a mené une action globale en faveur de l’inclusion financière des particuliers, notamment avec un numéro de téléphone unique, le 34 14, qui, au prix d’un appel local, permet de joindre directement le service compétent de la Banque. En 2022, le nombre de dossiers de surendettement déposés a fléchi (113 081, contre 120 975 en 2021).

L’année a également été marquée par la poursuite des travaux de l’Observatoire de l’inclusion bancaire (OIB), qui permet à ses membres de partager chaque mois leur perception de la conjoncture sociale. Opérateur de la stratégie nationale d’éducation économique, budgétaire et financière (EDUCFI), la Banque de France a déployé le passeport EDUCFI auprès de 80 000 élèves de 4e ou 3e en 2021-2022, mis en place des ateliers EDUCFI auprès de 31 000 volontaires du Service national universel et organisé des concours ouverts aux lycéens.

L’accent a également été mis sur les plus fragiles avec 650 ateliers EDUCFI animés auprès de 5 300 jeunes en insertion professionnelle et 114 ateliers auprès de 1 200 personnes en situation d’illettrisme et leurs accompagnants. Les sites « ABC de l’économie », « Mes questions d’argent » et « Mes questions d’entrepreneur » ont été complétés en 2022 par des podcasts, des contenus pédagogiques gratuits sur les réseaux sociaux et des jeux numériques. Prestataire de services financiers pour le compte de l’État, la Banque de France gère les comptes du Trésor public et les paiements associés. Depuis 2021, la Banque assure pour le compte de la Commission européenne l’émission de titres à court terme, qui financent le plan de relance européen NextGenerationEU.

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